02 avril 2008

Quelle biomasse pour la Belgique?

C’est aux gouvernements qu’il appartient de prendre les décisions nécessaires pour que la production, le transport, le stockage et la distribution de bois énergie puisse naître au niveau mondial, dans un environnement actuellement hostile, afin de réduire la pression sur les prix de l’énergie et d’entrer enfin dans l’ère du renouvelable.

La Belgique est un petit pays surpeuplé de l’OCDE de 3 millions d’hectares (Mha) dont 1,7 Mha agricoles et 0,5 Mha de forêts. La Belgique consomme en moyenne par an 650 millions de Méga Watt heure (MWh) – importés à 97 % dont 75% d’énergie fossile – soit environ 220 MWh d’énergie primaire annuelle à l’hectare, dix fois plus que la Chine ou les USA.

Sachant qu’un ha produit au mieux 60 MWh d’énergie primaire, sous forme de bois-énergie, toute la surface de la Belgique ne suffirait pas à couvrir nos seuls besoins énergétiques.

Fondamentaux biologiques

Chez nous, le bois énergie ou biocombustible (taillis de saule à rotation de 5 à 10 ans, maïs, paille…) permet une production de 12 tonnes de matière sèche/ha soit environ 50 à 60 MWh.

Un ha de bonne terre produit environ 10 tonnes de sucre de betterave ou 8 tonnes de froment soit entre 30 et 40 MWh dont il faut déduire une bonne moitié consommée par les intrants nécessaires à l’agriculture (engrais, pesticides, mazout agricole, tracteurs…) et par la distillation dans une centrale comme Biowanze. La filière des agrocarburants qui consiste à produire du bioéthanol au départ de betteraves ou de froment ne permet guère de produire plus de 15 MWh net /ha.

En consacrant un maximum de 400.000 ha aux agrocarburants, soit 25% des terres agricoles, la Belgique produirait seulement un demi-million de tonnes d’équivalent pétrole (TEP) par an, soit 5% de notre consommation pétrolière de transport (10 Mt) ou 2% de nos importations pétrolières (24 Mt).

Si toute l’Europe était plantée de cultures destinées à la production d’agrocarburants, elle pourrait subvenir à 20% de ses besoins de transport. Les 1.600 Mha agricoles mondiaux pourraient fournir 2 milliards de tonnes annuelles d’équivalent pétrole soit ce que consomment les transports sur une planète condamnée à mourir de faim…

La directive européenne agrocarburant s’est «plantée trop vite». L’UE aurait dû lui préférer une directive biocombustibles. Si les véhicules ne roulent pas au bois, ce dernier permet l’économie du mazout de chauffage, ce qui revient au même au point de vue de la balance des importations.

En zone tropicale, les rendements en biocombustibles (eucalyptus, leucena, acacia…) sont d’environ 75 à 100 MWh /ha par an. Quant aux agrocarburants, on atteint 2 tonnes à l’hectare, soit 25 MWh par an avec l’huile de palme ou de jatropha. Du simple au triple ou au quadruple.

Fondamentaux économiques

La production de fourrage est celle qui demande le moins d’investissement et de travail. On peut espérer récolter 10 t à 100 €/t par hectare « cultivé », soit un produit de 1000 € pour des frais entre 200 € et 300 €. Le bénéfice moyen est ainsi de 750 €/ha.

Mais l’agriculteur préfèrera planter du maïs de fourrage. Il obtiendra 45 t de matière humide à 45€/t soit 2.000 € de revenu brut. Déduction faite des frais, le bénéfice sera de 1.000 à 1.200 €/ha.

La production de froment permet d’obtenir 8 à 10 tonnes à 200 € aujourd’hui - le prix était inférieur à 100 € en 2003 – soit jusqu’à 2000 € de revenu pour 600 € à 700 € de frais. Le bénéfice est d’environ 1.100 €/ha.

Aujourd’hui, c’est la vache, laitière ou viandeuse, qui est en tête. Une bonne génétique donne 10 m³ de lait par an et se nourrit sur un hectare. Le produit est vendu à 350 €/m³ soit 3.500 € de revenu brut avec des frais d’environ 50%. Le bénéfice moyen est de plus de 1.600 €/ha.

Planter des arbres n’est guère rémunérateur. Au mieux, une production de 60 MWh valorisée à 15 € /MWh génère seulement 900 €/ha de revenus. C’est assez injuste quand on sait qu’un MWh de bois permet d’économiser un MWh de mazout qui coûte 50 €. Le bois est beaucoup trop bon marché.

Commerce équitable

Sous les tropiques, il existe de vastes zones en voie de désertification qu’il faudrait reboiser. On pourrait y installer des centaines de millions d’hectares de culture de bois énergie en prenant soin de renforcer la durabilité des sols et la biodiversité nécessaire aux plantations pérennes.

On procèderait alors à des échanges. Les sols africains, par exemple, ne donnent guère plus d’une tonne de céréales par hectare (riz, en produisant au passage 10 t eqCO2 de méthane, gaz à effet de serre 21 fois plus «réchauffant» que le CO2). Il conviendrait de définir un terme d’échange équitable, par exemple 1 tonne de blé contre 3 tonnes de bois.

Abstraction faite du transport, le producteur d’un hectare de froment (9 t/ha) recevrait 27 t de bois et le paysan africain de bois énergie (15 t/ha), 5 t de céréales. Cette multiplication des pains n’est que l’application du bon vieux principe des avantages comparatifs de Ricardo. Chacun doit faire ce qu’il fait de mieux pour optimiser la production globale.

Les sceptiques objecteront que le coût du transport est rédhibitoire. C’est faux. D’abord, le transport d’énergie est une réalité. Le transport intercontinental d’une tonne de pétrole autoconsomme au moins 5% de son énergie. Pour le gaz, il faut compter entre 10% et 20%. Le transport du bois énergie devrait consommer 10% environ…de bois car rien n’empêcherait que les bateaux fassent tourner leurs turbines à la biomasse. Quant au transport routier, un trajet aller retour de 100 km coûte 10 kWh de pétrole par MWh transporté, soit 1%.

Pour conclure…

La nature produit spontanément 600 milliards de MWh annuels de biomasse. C’est plus de quatre fois la quantité mondiale d’énergie primaire consommée actuellement. A n’en point douter, le bois énergie sera un vecteur énergétique et une source d’énergie renouvelable majeure au XXIe siècle. Mais sa mise en œuvre demandera un développement d’infrastructures comparables à celles qui ont été réalisées pour le charbon, le pétrole, le gaz et l’uranium. Les techniques de conditionnement du bois-énergie doivent également progresser.

Peut-être ne doit-on pas trop compter sur les fournisseurs d’énergie traditionnels. C’est aux gouvernements qu’appartiendront les prises de décisions nécessaires pour que la production, le transport, le stockage et la distribution de bois énergie puisse naître au niveau mondial dans un environnement hostile afin de réduire la pression sur les prix de l’énergie et d’entrer enfin dans l’ère de l’énergie renouvelable.

Laurent Minguet

Libellés : , , ,

01 juillet 2007

Un plan «bois contre nourriture» entre l’Europe et l’Afrique

Le défi climatique – et donc énergétique – que le monde affronte aujourd’hui offre une gigantesque opportunité de développement économique et humain aux régions subtropicales, véritable gisement renouvelable d’énergie et de matériau trop souvent géré de manière anarchique. Or la production naturelle de bois des forêts subtropicales et équatoriales dans le monde correspond chaque année à la moitié de l’énergie primaire mondiale.

Un nouveau rapport de NowFuture.org, téléchargeable ci-dessous en PDF, entend démontrer qu’une sylviculture durable labelisée FSC, sans recours aux OGM, sans intrants, engrais ni pesticides, permettrait à la fois de lutter contre la désertification, de produire du charbon de bois et de l’électricité durable pour les autochtones, et d’exporter du bois-énergie en Europe selon les termes d’un nouveau commerce équitable Nord-Sud bénéficiant largement aux deux parties.

La Casamance, au Sénégal, pourrait constituer une excellente zone pilote. Vu la facture pétrolière actuelle du Sénégal, de nouvelles centrales électriques au bois permettant de subvenir aux besoins présents du Sénégal seraient rentabilisées en 6 ou 7 ans à peine.

Un commerce équitable Nord-Sud pourrait également se développer si le prix d’achat de bois sec subtropical s’établissait entre 20 € et 30 € la tonne, soit un prix rendu (transport par bateau inclus) de 45 € à 60 €. Un tel prix resterait très compétitif sur un marché européen, où la tonne de biomasse se négocie aujourd’hui entre 70 € et 90 €. A ce prix, les exploitants pourraient compter sur des revenus annuels bruts d’environ 400 € à 500 € par ha (contre actuellement 100 €/ha pour la culture de riz), et probablement davantage dans le futur.

Pour équilibrer la balance commerciale, l’Europe et l’Afrique auraient tout intérêt à pratiquer ce commerce dans le cadre d’un plan «bois contre nourriture». En échangeant par exemple 1 tonne de blé européen contre 2 tonnes de bois africain, abstraction faite du transport, les Africains obtiendraient 10 tonnes de céréales et les Européens 20 tonnes de bois à l’hectare exploité localement. Soit de 3 à 10 fois plus que les rendements actuels pour chacune des deux parties.

Le potentiel de marché pour les pays africains concernés s’élève à 1,6 gigatonnes équivalent pétrole (Gtep), soit 100 à 150 milliards d’euros par an – sans compter les économies réalisées sur les importations de pétrole. Un montant deux à trois fois supérieur à toutes les exportations actuelles de tous les pays concernés du Golfe de Guinée et d’Afrique centrale. Les emplois et la richesse générés par ces activités permettraient de lutter efficacement contre la misère et les tensions des zones pauvres, à condition que l’Europe participe au développement des infrastructures de transports et de production d’énergie.

Table des matières

1. Introduction
2. Biomasse en zone subtropicale
3. Culture de bois-énergie en Afrique
4. Intérêt de la sylviculture contre la désertification
5. Utilisation de bois pour la production d’électricité
6. Utilisation de bois pour la production de charbon de bois
7. Utilisation de bois pour l’exportation vers l’Europe
8. Comparaison des potentiels européens et subtropicaux
9. Bénéfices mutuels
10. Potentiel du marché du bois-énergie en Afrique
Bibliographie


Téléchargez le rapport «Production de bois-énergie en zone subtropicale» en PDF.


Libellés : , , , ,

26 février 2007

Se chauffer aux pellets [FAQ]


Foire aux questions

Qu’est-ce qu’un «pellet»?
Quel est le pouvoir calorifique des pellets?
Se chauffer aux pellets est-il bon pour l’environnement?
Quel est le coût des pellets et est-ce une bonne affaire?
Le prix des pellets risque-t-il d’augmenter?
Produit-on des pellets en Région wallonne?
Les chaudières à pellets sont-elles plus chères que celles à mazout?
Comment fonctionne une chaudière à pellets?
Comment stocke-t-on les pellets?
Le chauffage aux pellets est-il une filière d’avenir?




Qu’est-ce qu’un «pellet»?
Nés dans les années 1970 aux Etats-Unis, les pellets («pilules», en anglais) sont des granulés de bois cylindriques produits par compression des résidus de scieries et menuiseries (sciure de bois, copeaux…), sans additifs ni liants chimiques (l’agent liant est la lignine naturelle du bois). La longueur des pellets varie de 0,5 à 3 cm et leur diamètre de 0,6 à 1,2 cm. Leur teneur en eau est de 10% maximum. La forme des pellets et leurs parois lisses leur permettent de se comporter comme un fluide. On peut donc livrer des pellets par camion citerne en les soufflant dans un tuyau. Ils sont ainsi particulièrement bien adaptés pour alimenter un poêle ou un brûleur automatique de chaudière. Bref, les pellets constituent un biocombustible (combustible naturel) qui présente tous les avantages des énergies renouvelables nécessaires pour le 21e siècle.
(Retour à la FAQ)



Quel est le pouvoir calorifique des pellets?
Vu que les pellets sont constitués de bois fortement compacté, leur pouvoir calorifique est de 2 à 3 fois plus élevé que celui du bois sous forme de bûches. Ainsi, un kilo de pellets contient près de 5 kWh d’énergie. Que le bois soit résineux ou feuillu, la différence est minime. Deux tonnes de pellets contiennent la même quantité d’énergie que 1000 litres de mazout.
Les pellets sont actuellement le biocombustible le plus stable pour autant qu’ils répondent aux normes de qualité (la norme allemande DIN+, par exemple) garantissant une valeur calorifique constante: la densité de la masse du granulé doit être la plus proche possible de 1200 kg/m³, ce qui donne environ 650 kg/m³ en vrac. Pour stocker une même quantité d’énergie qu’avec du mazout, une citerne trois fois plus grande sera donc nécessaire (1).
(Retour à la FAQ)



Se chauffer aux pellets est-il bon pour l’environnement?
Par rapport aux autres combustibles fossiles (mazout, gaz, charbon), oui. Comme les combustibles à base de bois, les pellets ont un bilan pratiquement neutre en termes de production de CO2, le principal gaz à effet de serre. En effet, la quantité de CO2 produite par la combustion du bois est identique à la quantité de CO2 absorbée par la croissance des arbres (pour autant qu’on replante un nouvel arbre chaque fois qu’on en coupe un). Cette quantité de CO2 dégagée par combustion est également équivalente (en termes de gaz à effet de serre) à ce que dégagerait la même quantité de bois lors de sa décomposition naturelle par méthanisation. Les seules sources de CO2 dans la filière des pellets se trouvent lors de la compression des résidus de scierie, et lors du transport des pellets par camion. Si le bois ne provient pas de scieries mais de cultures spécifiques, il convient d’ajouter les émissions de CO2 des machines agricoles et de découpe du bois. Sauf, bien sûr, si des énergies renouvelables sont utilisées pour fournir l’énergie nécessaire à toutes ces tâches (utilisation d’huile de colza, par exemple, pour faire tourner les moteurs diesel). Chaque mètre cube de granulés de bois brûlé évite l’émission d’environ 850 kg de CO2 (en remplacement du mazout) ou de 580 kg de CO2 (en remplacement du gaz).
(Retour à la FAQ)



Quel est le coût des pellets et est-ce une bonne affaire?
Comme pour tout produit, le prix des pellets varie selon leur nature (bois résineux ou mélange de résineux et de feuillus), l’adéquation aux normes et la quantité commandée. En Belgique, début 2007, il faut compter entre 230 et 330 €/tonne lorsque l’on achète des pellets conditionnés en sacs de 15 kg (2), et environ 230 €/tonne lorsque l’on se fait livrer des pellets en vrac par «camion-souffleur».
Etant donné que deux tonnes de pellets ont un pouvoir calorifique équivalent à 1000 litres de mazout de chauffage, en considérant un prix de référence des pellets de 230 €/tonne, les granulés de bois sont plus économiques que le gasoil dès que ce dernier dépasse 0,46 €/litre. Ce qui est le cas, en Belgique, sans interruption depuis juillet 2005 (voir graphique ci-dessous).
En ce début d’année 2007, il faut débourser 0,52 €/litre si l’on commande moins de 2000 litres de mazout et 0,50 €/litre pour plus de 2000 litres (3). Sans tenir compte de l’investissement dans une chaudière à pellets, se chauffer aux granulés de bois revient moins cher que le chauffage au mazout lorsque le prix des pellets est inférieur à 250 €/tonne.

Fluctuations du prix du gasoil de chauffage en Belgique de janvier 1999 à mars 2006. Source : Service Public Fédéral Economie, PME, Classes Moyennes et Energie (cliquer sur «gasoil» dans le tableau pour une mise à jour).
(Retour à la FAQ)



Le prix des pellets risque-t-il d’augmenter?
Tout dépend des filières. Si l’on considère la filière des déchets de scierie, le prix des pellets en Belgique et ailleurs pourrait flamber. La guerre pour acquérir les précieux déchets des scieries industrielles a commencé. Le secteur des panneaux et les papetiers sont furieux de l’ingérence de la filière du bois-énergie qui les prive de leur ressource de base. Quant aux scieries industrielles, elles se frottent les mains. Jusqu’ici, elles devaient payer pour se débarasser de leurs sous-produits. Aujourd’hui, elles les vendent au plus offrant. Cela dit, si même le prix des pellets de cette filière devait augmenter, certains avancent l’argument que les euros dépensés le seraient localement, dans l’économie wallonne, ce qui n’est évidemment pas le cas des sommes colossales investies chaque année pour acheter du pétrole.
Si maintenant on considère les filières fondées sur des cultures propres, en Europe ou ailleurs, les perspectives sont différentes. Contrairement aux combustibles fossiles, le prix du bois devrait rester stable si les filières de production s’organisent, puisque le combustible est renouvelable. Il peut être produit en de nombreux endroits de la planète. Les jachères européennes, par exemple, ont un potentiel de 150 Mtep, soit de quoi chauffer 50 millions de foyers, sans parler des forêts et de l’importation possible. La relative autarcie européenne devrait permettre de maintenir des prix stables sur le marché international, contrairement au pétrole.
D’ailleurs, les exemples de l’Autriche et de la Suède, où se chauffer aux pellets est très courant aujourd’hui, montrent que les prix sont restés relativement peu fluctuants au cours de ces dernières années. Idem en Allemagne (voir graphique ci-dessous). En Belgique, le prix moyen des pellets en 2005 a été légèrement inférieur au prix moyen de 2004. Il a par contre augmenté dès le début de l’hiver 2006-2007 car la demande s’est faite plus forte. En fait, le prix des granulés de bois est indépendant du cours des produits pétroliers (sauf la petite partie du prix reflétant le coût de la livraison par camion ou bateau). Il dépend essentiellement du prix de la main d’œuvre utilisée pour les produire.
Cela dit, la filière de distribution des pellets n’est pas aujourd’hui développée comme celle du mazout puisque nous sommes à l’aube du déploiement des chaudières à pellet. Dès aujourd’hui, Electrabel achète la tonne de pellets livrée à sa centrale des Awirs, à Seraing, pour environ 100 dollars (76 euros) hors TVA (lire «Des pellets dans une centrale préhistorique»). Certains observateurs pensent donc que dans une filière bien rodée, avec une multiplicité d’acteurs en concurrence, le prix livré au consommateur individuel pourrait réalistement être inférieur à 130 €/tonne.

Prix comparés du mazout, du gaz et des pellets en Allemagne, entre janvier 2002 et juillet 2005. Contrairement au prix du mazout qui fluctue beaucoup et se situe dans une tendance générale à la hausse (tout comme celui du gaz, les fluctuations en moins), le prix des pellets reste relativement stable dans le temps, avec une très légère tendance à la baisse puisqu’en l’espace de trois ans et demi il n’a jamais dépassé son niveau de janvier 2002 et est plusieurs fois passé sous ce niveau durant plusieurs mois. Source: Solar Promotion GmbH, 2005.
(Retour à la FAQ)



Produit-on des pellets en Région wallonne?
Oui. Il existe pour l’instant quatre unités de production opérationnelles. Une cinquième devrait ouvrir ses portes durant l’été 2007.
A Bièvre, près de Bouillon, Granubois est la première entreprise de production de pellets a avoir ouvert ses portes en Région wallonne. Créée par André Collin, ancien grossiste en chauffage de 57 ans, elle a démarré ses activités début 2006 et produit quelque 16.000 tonnes de pellets par an (capacité maximum: 18.000 tonnes/an). Actuellement, les deux tiers de la production sont exportés en Suisse et en Italie.
A Virton, la société Recybois (un partenariat public-privé entre les Paletteries François et l’intercommunale de développement économique Idelux) a lancé en 2006 une ligne de production d’une capacité de 25.000 tonnes par an. A terme, la capacité devrait être doublée.
A Bertrix, la société ERDA (Energies renouvelables des Ardennes) produit des pellets depuis décembre 2006. La production annoncée est de 130.000 tonnes/an dont la toute grande majorité (110 à 120.000 tonnes) est vendue à Electrabel pour alimenter sa centrale des Awirs, près de Liège (lire Des pellets dans une centrale préhistorique). Le reste des pellets n’est vendu qu’à des grossistes, pas directement aux particuliers.
Dans le zoning industriel de Fleurus-Martinrou, non loin de l’aéroport de Charleroi, la ligne de production de la société Pellets Mandi, d’une capacité de 30.000 tonnes/an, vient juste de démarrer.
Enfin, entre Saint-Vith et Malmedy, dans le zoning industriel de Kaiserbaracke, la société Delhez-Bois devrait commencer à produire des pellets en juillet 2007, dès que l’usine en construction sera terminée.
Si les pellets sont encore peu répandus chez nous (moins de 1% des ménages belges), c’est principalement à cause du faible nombre de distributeurs. Mais ça bouge beaucoup depuis l’avènement du quatrième «choc» pétrolier dans lequel nous entrons progressivement (4). Pour preuve, un réseau de distribution de pellets s’est récemment mis en place en Belgique. L’asbl ValBiom propose la liste de tous les professionnels belges du secteur (dont les principaux distributeurs) sur son site Internet (5). Pour l’instant seuls quelques camions-souffleurs livrent des pellets en Wallonie. Certains de ces camions font le déplacement d’Allemagne où la filière est plus développée qu’en Belgique.
(Retour à la FAQ)



Les chaudières à pellets sont-elles plus chères que celles à mazout?
Oui, mais les prix baissent au fur et à mesure que la technologie se répand. De plus, la Région Wallonne offre une prime de 1500 euros à l’installation (fonds UREBA), auxquels il faut ajouter 750 euros de déduction fiscale octroyée par le fédéral. Une chaudière à pellets pour une habitation familiale coûte environ 4500 euros (installation comprise et primes déduites), contre 2500 euros environ pour une chaudière à mazout ou à gaz (installation comprise). En 2005, quelque 2000 ménages wallons ont opté pour ce mode de chauffage. En 2006, on devrait arriver à près de 5500 ménages supplémentaires.

Chaudière automatique à pellets de type «CONFORT». Source: ESD, 2005.

(Retour à la FAQ)



Comment fonctionne une chaudière à pellets?
Une chaudière à pellets peut assurer les besoins en chauffage et en eau chaude sanitaire, qui est alors stockée dans un ballon collecteur. Avec les technologies actuelles de brûleurs, les rendements sont supérieurs à 90%. L’automatisation totale des chaudières offre aujourd’hui le même confort que celui des installations à mazout et à gaz. A deux différences près. Primo, pour une même quantité d’énergie les pellets prennent plus de place que le mazout. Secundo, il faut vider le cendrier de la chaudière tous les mois en hiver (tous les trois mois le restant de l’année).

1. silo de stockage des pellets, 2. vis d’extraction du combustible, 3. système de sécurité incendie, 4. ventilateur pour l’air primaire et secondaire, 5. cendrier, 6. brûleur, 7. chauffage de l’eau par tubes de fumée - système automatique de nettoyage des tubes. Sources: Ökofen, 2004; Valbiom, 2004.
(Retour à la FAQ)



Comment stocke-t-on les pellets?
Les pellets sont généralement stockés dans un silo que l’on peut facilement installer par assemblage dans n’importe quelle cave ou pièce d’habitation (voir photo ci-dessous). Le prix des silos varie selon leur volume : compter environ 2100 euros pour stocker 1,3 m³ et moins de 2900 euros pour 11 m³. Le silo assure une alimentation automatique de la chaudière. Il est également possible de stocker les pellets dans une pièce sèche (ou une partie de pièce que l’on isole avec une cloison maçonnée) et d’installer une trémie basse qui alimentera la chaudière de façon automatisée. C’est la solution idéale et la plus économique si l’on a de la place. Une telle trémie coûte actuellement 800 euros environ. Enfin, toute cuve propre et sèche, enterrée ou non, peut théoriquement être utilisée pour stocker des pellets moyennant l’adaptation d’une trémie ou d’un système d’aspiration approprié.

Silo à pellets de type «PelletBOX». Selon le modèle, il est possible de stocker de 1,3 à 11 m³. Source: ESD, 2005.
(Retour à la FAQ)



Le chauffage aux pellets est-il une filière d’avenir?
C’est en tout cas une filière qui correspond bien au développement durable. La récupération de la sciure et des déchets de bois générés localement permet d’occuper du personnel local et de réduire notre balance énergétique tout en préservant l’environnement, tant par l’évitement de la mise en décharge des déchets, que par la non-production de rejets polluants dans l’atmosphère. Cette filière connaît actuellement un essor important dans plusieurs pays européens, notamment en Autriche et en Suède, où parler de «pelletmania» ne serait pas un abus de langage.
En Autriche, le taux de croissance du nombre d’installations de chauffage aux granulés de bois avoisine 50%. En 2001, 8000 installations ont été effectuées. Plus de 120.000 tonnes de pellets sont produites chaque année. En Suède, le marché des pellets est estimé à 1 million de tonnes par an. Il existe plusieurs grosses unités de production de 90.000 tonnes/an, qui alimentent des particuliers mais aussi de grands réseaux de chaleur urbains (6). Ces deux exemples montrent qu’il y a un vrai potentiel de développement, en Belgique comme ailleurs.
Pour donner un coup de pouce à la filière belge, ValBiom a lancé le «Belgian Pellets Club» en octobre 2002. Ce groupe de travail sur les granulés de bois rassemble différents intervenants de la filière (producteurs de pellets, de poêles et chaudières, consommateurs, etc.) qui tentent d’identifier les meilleures stratégies à adopter pour développer ce secteur.
Par ailleurs, les autorités publiques soutiennent la filière en octroyant des primes aux acquéreurs de chaudières à bois (bûches ou pellets). En décembre 2005 déjà, le ministre wallon de l’Energie, André Antoine, déclarait sans ambiguïté qu’il s’agissait clairement d’un «secteur d’avenir» (7).
(Retour à la FAQ)
D.L.

(1) 1000 litres de mazout occupent environ 1 m³ ; 2000 kg de pellets ont le même pouvoir énergétique que 1000 litres de mazout ; 2000 kg de pellets occuperont un volume de 2000 (kg) / 650 (kg/m³) = 3,08 m³.
(2) Voir le forum de discussion du Réseau Eco-Consommation consacré au prix des pellets en Belgique.
(3) Voir par exemple Mazout-on-line.be.
(4) Après les chocs de 1973 (embargo de l’OPEP : le prix du baril augmente de 400%), de 1979 (révolution iranienne : +213%) et de 1991 (guerre du Golfe : +145%). Ces deux dernières années, le prix du baril a grimpé de 120%
(source : PolitiqueInternationale.com).
(5) Liste disponible sur ValBiom.be.
(6) ValBiom.be.
(7) La Libre Belgique, 21 décembre 2005.

Libellés : , ,

12 décembre 2006

Chauffer la Belgique au bois

Laurent Minguet a tout du «serial entrepreneur». Elu Manager de l’Année en 2004 par Trends-Tendances aux côtés de Pierre L’Hoest, avec qui il a fondé le groupe EVS Broadcast Equipment, il est aujourd’hui administrateur délégué de XDC, sa filiale spécialisée dans le cinéma numérique. Mais cet environnementaliste convaincu, ingénieur physicien de formation, consacre une partie de son temps à d’autres projets comme Horizon Pléiades, une société active dans la construction thermo-efficace, ATS, une entreprise d’installation de panneaux solaires, ou Coretec Engineering, un bureau d’études spécialisé dans la cogénération et la biomasse. «Mon objectif, aujourd’hui, n’est pas de devenir plus riche, mais de m’occuper davantage des autres et du futur», assure Laurent Minguet.
Cet été, dans sa villa du Lubéron, il a planché sur un ambitieux plan de production de chaleur et d’électricité pour la Belgique. Il l’a résumé en un document de 13 pages, accompagné d’une présentation PowerPoint, qu’il a déjà soumis aux ministres wallons Jean-Claude Marcourt et André Antoine, ou à Philippe Bodson, ancien patron de Tractebel et président du GRE (Groupement de Redéploiement Economique pour le pays de Liège). (...)

Lire en PDF l’intégralité de cet article (3 pages) de Christine Scharff paru dans Trends/Tendance (30/11/2006).

Libellés : , , ,