Aujourd’hui, la Belgique consomme chaque année près de 60 millions de tonnes d’équivalent pétrole (tep) d’énergie primaire pour produire son énergie secondaire, c’est-à-dire de l’électricité et de la chaleur. Pour ce faire, elle est obligée d’importer des produits fossiles – pétrole, gaz, charbon – (76% de son énergie primaire exprimée en tep) ainsi que de l’uranium (21%). Au total, le prix de revient (énergie primaire, investissements et frais d’exploitation) de l’énergie électrique et de chauffage résidentiel et tertiaire s’élève à 11,6 milliards d’euros (G€) par an.
Le plan belge de cogénération que j’ai élaboré propose de généraliser les centrales thermiques à biomasse (combustible renouvelable composé de déchets végétaux ou de bois-énergie) en vue de produire simultanément de l’électricité et de la chaleur distribuée via des réseaux d’eau chaude de quelques kilomètres.
(cliquez sur le schéma pour l’agrandir)Un investissement de 50 G€ (dont 35 G€ pour les centrales et 15 G€ pour les réseaux) permettrait de fournir toute l’électricité et 80% des besoins de chaleur aux consommateurs raccordés. Le reste serait chauffé par chaudière individuelle à pellets (sciure de bois compactée en granulés). Cette stratégie permettrait de baisser de 25% le prix de revient de l’énergie en Belgique (2,9 G€) et permettrait une économie de 2,3 G€ chaque année sur la balance commerciale.
La mise en œuvre d’environ 1.000 centrales capables de fournir 14 GW de puissance électrique est rentable au coût de l’énergie primaire et secondaire actuelles. De plus, les certificats verts rendent ces investissements très rémunérateurs, avec un rendement interne supérieur à 20%.
La consommation annuelle des 80 millions de tonnes (Mt) de biomasse nécessaire (soit 0,1% seulement de la quantité totale de biomasse produite naturellement chaque année dans le monde) proviendrait en grande partie de pays partenaires qui se spécialiseraient dans la production de bois-énergie.
La production de CO2 tomberait de 120 Mt à moins de 70 Mt, pulvérisant ainsi l’objectif belge de Kyoto qui vise 20 Mt de réduction.
Laurent MinguetTéléchargez le plan «Cogénération à la biomasse, une solution renouvelable et moins chère pour l’énergie belge» (PDF).Libellés : cogénération, médias