26 février 2007

Europe des raisons, Europe déraison

Editorial
Par Laurent Minguet


L’union des Vingt-Cinq est une condition nécessaire mais non suffisante au développement durable de l’Union européenne, c’est-à-dire subvenir à nos besoins sans altérer la capacité des générations futures à satisfaire les leurs. Hélas, aujourd’hui, l’Europe n’a pas encore atteint la maturité d’inscrire ce principe fondamental dans ses Traités fondateurs.

Le nouveau théâtre européen – celui qui, il y a 25 ans, signifiait le lieu privilégié d’une guerre nucléaire entre Est et Ouest – est un champ de bataille idéologique entre libéralisme et socialisme pimenté par des égoïsmes nationaux et commerciaux. Vision pessimiste? Quelques perles.

La PAC assiégée de toutes parts

La PAC (Politique agricole commune) qui mange 40% du budget de l’Europe est un ensemble de mesures protectionnistes et anti-redistributives critiquées depuis des dizaines d’années par la pensée libérale, administrativement incarnée à l’échelle planétaire par l’OMC (Organisation mondiale du commerce), autant que par un José Bové, aujourd’hui porte-voix des paysans du Sud. La PAC, comme les subsides à l’exportation de nos amis américains, est indirectement responsable des difficultés qu’éprouvent les pays du tiers monde à développer leur agriculture locale (sans que ce soit la seule raison), précisément à cause de cette concurrence déloyale. La PAC fût aussi responsable de la surproduction et des scandaleux stocks de viande et de beurre. Enfin, elle n’a pas échappé à la règle «des 80/20», à savoir que 80% des subsides enrichissent 20% de grands groupes agricoles, de multinationales ou de riches propriétaires mais laissent une vie difficile voire misérable à 80% des agriculteurs européens.

Cela dit la suppression pure et simple de la PAC n’est pas une mince affaire. Par exemple, on va abolir prochainement les subventions européennes pour la culture de la betterave. Le prix tombera brutalement de 26 €/tonne à quelque 9 €/tonne, aligné sur le prix mondial du sucre. A ce tarif, les 6000 exploitations agricoles belges autrefois enviées par les autres fermiers, rencontreront d’énormes difficultés à survivre. Le même problème se pose dans plusieurs pays d’Europe. En saisissant les arguments de l’indépendance énergétique et du protocole de Kyoto, on continuera à subsidier, par d’autres voies, la culture de la betterave, pour produire du bioéthanol, mieux connu sous le nom d’alcool (éthylique).

La fausse bonne idée des biocarburants

C’est bien, me direz-vous, car on règle un problème social en apportant une goutte de pétrole vert à l’océan de carburant fossile que l’Europe consomme chaque année: 180 Mtep (millions de tonnes) rien que pour les transports. Mais l’Europe n’a pas suffisamment réfléchi à l’utilisation optimale des sols et de son budget. Il aurait été encore bien plus rentable, sur tous les plans, de favoriser les biocombustibles plutôt que les biocarburants. En effet, l’Europe vise une production nette de 5 Mtep de biocarburants en exploitant environ 4 millions d’hectares agricoles. Or, ces mêmes hectares pourraient produire 15 Mtep nettes de biocombustibles, soit 10 Mtep d’économie supplémentaire sur la facture pétrolière: 4 milliards d’euros par an, l’équivalent de 100.000 emplois…

Mais la difficulté européenne consiste aussi à marier des mentalités inconciliables entre des voisins pourtant proches, comme le montre l’anecdote suivante. En voyage au Danemark, j’interrogeai l’architecte d’une cité sociale sur l’utilisation de l’eau de pluie. Il me répondit qu’elle était strictement interdite au Danemark même pour les chasses de WC. L’eau de pluie était simplement déversée dans une mare de 20 mètres de diamètre au milieu d’un grand jardin commun à toutes les habitations. En France, une telle mare aurait obligatoirement été entourée d’une barrière métallique d’un mètre de haut pour y éviter la noyade de bambins. Mais au Danemark, ce n’est pas nécessaire: les enfants ne s’y noient jamais. Les phobies des nations ou de leurs dirigeants sont très contradictoires.

Lutter contre la légionellose tue plus que la légionellose

Il en va ainsi de la légionellose, cette maladie respiratoire qui se développe dans les climatiseurs et les circuits d’eau tiède. Elle n’est cependant responsable que de 9,8 malades par million d’habitants et moins d’un décès par million, de préférence l’homme fumeur alcoolique de plus de 50 ans, d’après l’OMS. C’est 150.000 fois moins de morts que le tabac. Pourtant, une législation contraignante oblige à surchauffer l’eau au-dessus de 60°C pour la stériliser sans réfléchir au fait que la surconsommation d’énergie (mazout, gaz, charbon…) est responsable de bien davantage de problèmes respiratoires que la légionellose, principalement liée au tourisme en Asie et en Afrique.

Si l’objectif est de réduire la mortalité, il conviendrait préalablement d’éradiquer la tabagie de l’espace européen. Mais qu’en disent les cultivateurs européens de tabac qui ont bénéficié en 2004 de près d’un milliard d’euros de subsides européens ? Par contre, les fabricants de chauffe eau sont toujours demandeurs pour une législation tatillonne qui rend l’ancien modèle obsolète et dope les vente d’un nouveau produit «anti-légionellose»!

Bref, en Europe comme ailleurs, il existe beaucoup d’activités non compatibles avec le développement durable. Il n’est cependant pas simple de les changer tant est forte l’opposition de ceux qui en vivent, de leurs lobbies et de leurs syndicats. Le problème est similaire au Sénégal, par exemple, où l’une de mes amies s’est récemment émue qu’on allait y pratiquer, lors d’une fête, l’excision d’une dizaine de petites filles malgré l’interdiction de cette pratique culturelle. Un des arguments avancés en faveur de l’excision est ce que deviendrait l’exciseuse privée de son travail…

Ni de droite, ni de gauche: au-dessus!

Tant qu’on pensera que le développement durable est un compromis, souvent boiteux, entre les soucis sociaux, économiques et environnementaux, on assistera au marchandage entre des idées de droite et de gauche.

Le développement durable est au dessus des politiques. C’est la philosophie de base: la conservation de l’espèce humaine. Il ne devrait pas rencontrer d’opposition politique, religieuse ou culturelle au risque de conduire l’humanité tout entière à sa perte. Le futur nous dira si cette humanité saura profiter de son supplément d’âme face aux 8,5 millions d’espèces concurrentes de la biosphère terrestre.

Laurent Minguet

Libellés :

Se chauffer aux pellets [FAQ]


Foire aux questions

Qu’est-ce qu’un «pellet»?
Quel est le pouvoir calorifique des pellets?
Se chauffer aux pellets est-il bon pour l’environnement?
Quel est le coût des pellets et est-ce une bonne affaire?
Le prix des pellets risque-t-il d’augmenter?
Produit-on des pellets en Région wallonne?
Les chaudières à pellets sont-elles plus chères que celles à mazout?
Comment fonctionne une chaudière à pellets?
Comment stocke-t-on les pellets?
Le chauffage aux pellets est-il une filière d’avenir?




Qu’est-ce qu’un «pellet»?
Nés dans les années 1970 aux Etats-Unis, les pellets («pilules», en anglais) sont des granulés de bois cylindriques produits par compression des résidus de scieries et menuiseries (sciure de bois, copeaux…), sans additifs ni liants chimiques (l’agent liant est la lignine naturelle du bois). La longueur des pellets varie de 0,5 à 3 cm et leur diamètre de 0,6 à 1,2 cm. Leur teneur en eau est de 10% maximum. La forme des pellets et leurs parois lisses leur permettent de se comporter comme un fluide. On peut donc livrer des pellets par camion citerne en les soufflant dans un tuyau. Ils sont ainsi particulièrement bien adaptés pour alimenter un poêle ou un brûleur automatique de chaudière. Bref, les pellets constituent un biocombustible (combustible naturel) qui présente tous les avantages des énergies renouvelables nécessaires pour le 21e siècle.
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Quel est le pouvoir calorifique des pellets?
Vu que les pellets sont constitués de bois fortement compacté, leur pouvoir calorifique est de 2 à 3 fois plus élevé que celui du bois sous forme de bûches. Ainsi, un kilo de pellets contient près de 5 kWh d’énergie. Que le bois soit résineux ou feuillu, la différence est minime. Deux tonnes de pellets contiennent la même quantité d’énergie que 1000 litres de mazout.
Les pellets sont actuellement le biocombustible le plus stable pour autant qu’ils répondent aux normes de qualité (la norme allemande DIN+, par exemple) garantissant une valeur calorifique constante: la densité de la masse du granulé doit être la plus proche possible de 1200 kg/m³, ce qui donne environ 650 kg/m³ en vrac. Pour stocker une même quantité d’énergie qu’avec du mazout, une citerne trois fois plus grande sera donc nécessaire (1).
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Se chauffer aux pellets est-il bon pour l’environnement?
Par rapport aux autres combustibles fossiles (mazout, gaz, charbon), oui. Comme les combustibles à base de bois, les pellets ont un bilan pratiquement neutre en termes de production de CO2, le principal gaz à effet de serre. En effet, la quantité de CO2 produite par la combustion du bois est identique à la quantité de CO2 absorbée par la croissance des arbres (pour autant qu’on replante un nouvel arbre chaque fois qu’on en coupe un). Cette quantité de CO2 dégagée par combustion est également équivalente (en termes de gaz à effet de serre) à ce que dégagerait la même quantité de bois lors de sa décomposition naturelle par méthanisation. Les seules sources de CO2 dans la filière des pellets se trouvent lors de la compression des résidus de scierie, et lors du transport des pellets par camion. Si le bois ne provient pas de scieries mais de cultures spécifiques, il convient d’ajouter les émissions de CO2 des machines agricoles et de découpe du bois. Sauf, bien sûr, si des énergies renouvelables sont utilisées pour fournir l’énergie nécessaire à toutes ces tâches (utilisation d’huile de colza, par exemple, pour faire tourner les moteurs diesel). Chaque mètre cube de granulés de bois brûlé évite l’émission d’environ 850 kg de CO2 (en remplacement du mazout) ou de 580 kg de CO2 (en remplacement du gaz).
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Quel est le coût des pellets et est-ce une bonne affaire?
Comme pour tout produit, le prix des pellets varie selon leur nature (bois résineux ou mélange de résineux et de feuillus), l’adéquation aux normes et la quantité commandée. En Belgique, début 2007, il faut compter entre 230 et 330 €/tonne lorsque l’on achète des pellets conditionnés en sacs de 15 kg (2), et environ 230 €/tonne lorsque l’on se fait livrer des pellets en vrac par «camion-souffleur».
Etant donné que deux tonnes de pellets ont un pouvoir calorifique équivalent à 1000 litres de mazout de chauffage, en considérant un prix de référence des pellets de 230 €/tonne, les granulés de bois sont plus économiques que le gasoil dès que ce dernier dépasse 0,46 €/litre. Ce qui est le cas, en Belgique, sans interruption depuis juillet 2005 (voir graphique ci-dessous).
En ce début d’année 2007, il faut débourser 0,52 €/litre si l’on commande moins de 2000 litres de mazout et 0,50 €/litre pour plus de 2000 litres (3). Sans tenir compte de l’investissement dans une chaudière à pellets, se chauffer aux granulés de bois revient moins cher que le chauffage au mazout lorsque le prix des pellets est inférieur à 250 €/tonne.

Fluctuations du prix du gasoil de chauffage en Belgique de janvier 1999 à mars 2006. Source : Service Public Fédéral Economie, PME, Classes Moyennes et Energie (cliquer sur «gasoil» dans le tableau pour une mise à jour).
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Le prix des pellets risque-t-il d’augmenter?
Tout dépend des filières. Si l’on considère la filière des déchets de scierie, le prix des pellets en Belgique et ailleurs pourrait flamber. La guerre pour acquérir les précieux déchets des scieries industrielles a commencé. Le secteur des panneaux et les papetiers sont furieux de l’ingérence de la filière du bois-énergie qui les prive de leur ressource de base. Quant aux scieries industrielles, elles se frottent les mains. Jusqu’ici, elles devaient payer pour se débarasser de leurs sous-produits. Aujourd’hui, elles les vendent au plus offrant. Cela dit, si même le prix des pellets de cette filière devait augmenter, certains avancent l’argument que les euros dépensés le seraient localement, dans l’économie wallonne, ce qui n’est évidemment pas le cas des sommes colossales investies chaque année pour acheter du pétrole.
Si maintenant on considère les filières fondées sur des cultures propres, en Europe ou ailleurs, les perspectives sont différentes. Contrairement aux combustibles fossiles, le prix du bois devrait rester stable si les filières de production s’organisent, puisque le combustible est renouvelable. Il peut être produit en de nombreux endroits de la planète. Les jachères européennes, par exemple, ont un potentiel de 150 Mtep, soit de quoi chauffer 50 millions de foyers, sans parler des forêts et de l’importation possible. La relative autarcie européenne devrait permettre de maintenir des prix stables sur le marché international, contrairement au pétrole.
D’ailleurs, les exemples de l’Autriche et de la Suède, où se chauffer aux pellets est très courant aujourd’hui, montrent que les prix sont restés relativement peu fluctuants au cours de ces dernières années. Idem en Allemagne (voir graphique ci-dessous). En Belgique, le prix moyen des pellets en 2005 a été légèrement inférieur au prix moyen de 2004. Il a par contre augmenté dès le début de l’hiver 2006-2007 car la demande s’est faite plus forte. En fait, le prix des granulés de bois est indépendant du cours des produits pétroliers (sauf la petite partie du prix reflétant le coût de la livraison par camion ou bateau). Il dépend essentiellement du prix de la main d’œuvre utilisée pour les produire.
Cela dit, la filière de distribution des pellets n’est pas aujourd’hui développée comme celle du mazout puisque nous sommes à l’aube du déploiement des chaudières à pellet. Dès aujourd’hui, Electrabel achète la tonne de pellets livrée à sa centrale des Awirs, à Seraing, pour environ 100 dollars (76 euros) hors TVA (lire «Des pellets dans une centrale préhistorique»). Certains observateurs pensent donc que dans une filière bien rodée, avec une multiplicité d’acteurs en concurrence, le prix livré au consommateur individuel pourrait réalistement être inférieur à 130 €/tonne.

Prix comparés du mazout, du gaz et des pellets en Allemagne, entre janvier 2002 et juillet 2005. Contrairement au prix du mazout qui fluctue beaucoup et se situe dans une tendance générale à la hausse (tout comme celui du gaz, les fluctuations en moins), le prix des pellets reste relativement stable dans le temps, avec une très légère tendance à la baisse puisqu’en l’espace de trois ans et demi il n’a jamais dépassé son niveau de janvier 2002 et est plusieurs fois passé sous ce niveau durant plusieurs mois. Source: Solar Promotion GmbH, 2005.
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Produit-on des pellets en Région wallonne?
Oui. Il existe pour l’instant quatre unités de production opérationnelles. Une cinquième devrait ouvrir ses portes durant l’été 2007.
A Bièvre, près de Bouillon, Granubois est la première entreprise de production de pellets a avoir ouvert ses portes en Région wallonne. Créée par André Collin, ancien grossiste en chauffage de 57 ans, elle a démarré ses activités début 2006 et produit quelque 16.000 tonnes de pellets par an (capacité maximum: 18.000 tonnes/an). Actuellement, les deux tiers de la production sont exportés en Suisse et en Italie.
A Virton, la société Recybois (un partenariat public-privé entre les Paletteries François et l’intercommunale de développement économique Idelux) a lancé en 2006 une ligne de production d’une capacité de 25.000 tonnes par an. A terme, la capacité devrait être doublée.
A Bertrix, la société ERDA (Energies renouvelables des Ardennes) produit des pellets depuis décembre 2006. La production annoncée est de 130.000 tonnes/an dont la toute grande majorité (110 à 120.000 tonnes) est vendue à Electrabel pour alimenter sa centrale des Awirs, près de Liège (lire Des pellets dans une centrale préhistorique). Le reste des pellets n’est vendu qu’à des grossistes, pas directement aux particuliers.
Dans le zoning industriel de Fleurus-Martinrou, non loin de l’aéroport de Charleroi, la ligne de production de la société Pellets Mandi, d’une capacité de 30.000 tonnes/an, vient juste de démarrer.
Enfin, entre Saint-Vith et Malmedy, dans le zoning industriel de Kaiserbaracke, la société Delhez-Bois devrait commencer à produire des pellets en juillet 2007, dès que l’usine en construction sera terminée.
Si les pellets sont encore peu répandus chez nous (moins de 1% des ménages belges), c’est principalement à cause du faible nombre de distributeurs. Mais ça bouge beaucoup depuis l’avènement du quatrième «choc» pétrolier dans lequel nous entrons progressivement (4). Pour preuve, un réseau de distribution de pellets s’est récemment mis en place en Belgique. L’asbl ValBiom propose la liste de tous les professionnels belges du secteur (dont les principaux distributeurs) sur son site Internet (5). Pour l’instant seuls quelques camions-souffleurs livrent des pellets en Wallonie. Certains de ces camions font le déplacement d’Allemagne où la filière est plus développée qu’en Belgique.
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Les chaudières à pellets sont-elles plus chères que celles à mazout?
Oui, mais les prix baissent au fur et à mesure que la technologie se répand. De plus, la Région Wallonne offre une prime de 1500 euros à l’installation (fonds UREBA), auxquels il faut ajouter 750 euros de déduction fiscale octroyée par le fédéral. Une chaudière à pellets pour une habitation familiale coûte environ 4500 euros (installation comprise et primes déduites), contre 2500 euros environ pour une chaudière à mazout ou à gaz (installation comprise). En 2005, quelque 2000 ménages wallons ont opté pour ce mode de chauffage. En 2006, on devrait arriver à près de 5500 ménages supplémentaires.

Chaudière automatique à pellets de type «CONFORT». Source: ESD, 2005.

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Comment fonctionne une chaudière à pellets?
Une chaudière à pellets peut assurer les besoins en chauffage et en eau chaude sanitaire, qui est alors stockée dans un ballon collecteur. Avec les technologies actuelles de brûleurs, les rendements sont supérieurs à 90%. L’automatisation totale des chaudières offre aujourd’hui le même confort que celui des installations à mazout et à gaz. A deux différences près. Primo, pour une même quantité d’énergie les pellets prennent plus de place que le mazout. Secundo, il faut vider le cendrier de la chaudière tous les mois en hiver (tous les trois mois le restant de l’année).

1. silo de stockage des pellets, 2. vis d’extraction du combustible, 3. système de sécurité incendie, 4. ventilateur pour l’air primaire et secondaire, 5. cendrier, 6. brûleur, 7. chauffage de l’eau par tubes de fumée - système automatique de nettoyage des tubes. Sources: Ökofen, 2004; Valbiom, 2004.
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Comment stocke-t-on les pellets?
Les pellets sont généralement stockés dans un silo que l’on peut facilement installer par assemblage dans n’importe quelle cave ou pièce d’habitation (voir photo ci-dessous). Le prix des silos varie selon leur volume : compter environ 2100 euros pour stocker 1,3 m³ et moins de 2900 euros pour 11 m³. Le silo assure une alimentation automatique de la chaudière. Il est également possible de stocker les pellets dans une pièce sèche (ou une partie de pièce que l’on isole avec une cloison maçonnée) et d’installer une trémie basse qui alimentera la chaudière de façon automatisée. C’est la solution idéale et la plus économique si l’on a de la place. Une telle trémie coûte actuellement 800 euros environ. Enfin, toute cuve propre et sèche, enterrée ou non, peut théoriquement être utilisée pour stocker des pellets moyennant l’adaptation d’une trémie ou d’un système d’aspiration approprié.

Silo à pellets de type «PelletBOX». Selon le modèle, il est possible de stocker de 1,3 à 11 m³. Source: ESD, 2005.
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Le chauffage aux pellets est-il une filière d’avenir?
C’est en tout cas une filière qui correspond bien au développement durable. La récupération de la sciure et des déchets de bois générés localement permet d’occuper du personnel local et de réduire notre balance énergétique tout en préservant l’environnement, tant par l’évitement de la mise en décharge des déchets, que par la non-production de rejets polluants dans l’atmosphère. Cette filière connaît actuellement un essor important dans plusieurs pays européens, notamment en Autriche et en Suède, où parler de «pelletmania» ne serait pas un abus de langage.
En Autriche, le taux de croissance du nombre d’installations de chauffage aux granulés de bois avoisine 50%. En 2001, 8000 installations ont été effectuées. Plus de 120.000 tonnes de pellets sont produites chaque année. En Suède, le marché des pellets est estimé à 1 million de tonnes par an. Il existe plusieurs grosses unités de production de 90.000 tonnes/an, qui alimentent des particuliers mais aussi de grands réseaux de chaleur urbains (6). Ces deux exemples montrent qu’il y a un vrai potentiel de développement, en Belgique comme ailleurs.
Pour donner un coup de pouce à la filière belge, ValBiom a lancé le «Belgian Pellets Club» en octobre 2002. Ce groupe de travail sur les granulés de bois rassemble différents intervenants de la filière (producteurs de pellets, de poêles et chaudières, consommateurs, etc.) qui tentent d’identifier les meilleures stratégies à adopter pour développer ce secteur.
Par ailleurs, les autorités publiques soutiennent la filière en octroyant des primes aux acquéreurs de chaudières à bois (bûches ou pellets). En décembre 2005 déjà, le ministre wallon de l’Energie, André Antoine, déclarait sans ambiguïté qu’il s’agissait clairement d’un «secteur d’avenir» (7).
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D.L.

(1) 1000 litres de mazout occupent environ 1 m³ ; 2000 kg de pellets ont le même pouvoir énergétique que 1000 litres de mazout ; 2000 kg de pellets occuperont un volume de 2000 (kg) / 650 (kg/m³) = 3,08 m³.
(2) Voir le forum de discussion du Réseau Eco-Consommation consacré au prix des pellets en Belgique.
(3) Voir par exemple Mazout-on-line.be.
(4) Après les chocs de 1973 (embargo de l’OPEP : le prix du baril augmente de 400%), de 1979 (révolution iranienne : +213%) et de 1991 (guerre du Golfe : +145%). Ces deux dernières années, le prix du baril a grimpé de 120%
(source : PolitiqueInternationale.com).
(5) Liste disponible sur ValBiom.be.
(6) ValBiom.be.
(7) La Libre Belgique, 21 décembre 2005.

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Des pellets dans une centrale préhistorique


Récemment, Electrabel reconvertissait l’unité «charbon» de sa centrale des Awirs, près de Liège, en unité «biomasse». Une opération à la fois bonne pour son image, pour l’environnement, mais surtout pour le portefeuille de la compagnie qui peut ainsi prolonger la vie d’une centrale préhistorique au rendement médiocre...

C’était en novembre 2005. Electrabel inaugurait la reconversion d’une unité de la centrale électrique des Awirs, à Seraing. Désormais, l’unité Awirs-4 ne brûle plus du charbon mais bien de la biomasse sous forme de pellets issus de forêts gérées durablement. Selon l’ASBL Forêt wallonne (1), il s’agit de la première centrale européenne de biomasse de grande importance (80 MW). Chaque jour, quelque 1200 tonnes de granulés de bois arrivent par la Meuse essentiellement du Canada et de Pologne pour alimenter la chaudière de l’unité (2). Ils sont stockés, broyés, puis la poussière obtenue est brûlée. La vapeur d’eau produite fait alors tourner une turbine génératrice d’électricité. La seconde unité de la centrale des Awirs fonctionne, elle, toujours au mazout et au gaz naturel…

Moins de 40% de rendement

Mais pourquoi diable Electrabel a-t-elle investi 6,5 millions d’euros dans cette transformation des Awirs alors que les pellets brûlés coûtent plus cher que le charbon? Serait-ce pour soigner son image? C’est sans doute une partie de la réponse. «La combustion de biomasse aux Awirs est en fait l’arbre qui cache la forêt, explique Jean-François Fauconnier, responsable de la campagne «climat» chez Greenpeace. Ces dernières années, Electrabel a surtout investi dans des centrales nucléaires, au charbon et au gaz. En 2004, la part des sources d’énergie renouvelables dans la production électrique totale d’Electrabel en Belgique était de 0,6% (3)
Mais pour l’association écologiste, les vraies motivations du producteur d’énergie résident ailleurs. En effet, la centrale des Awirs a été construite voici plus de… 50 ans. Elle est donc vieille et son rendement médiocre. «Moins de 40% de l’énergie primaire y est transformée en électricité. Le reste est perdu sous forme de chaleur, en grande partie via les tours de refroidissement et cheminées, avec un gaspillage gigantesque à la clé.» Pour Greenpeace, donc, la transformation des Awirs présente toutes les apparences d’un «lifting vert» destiné à prolonger la durée de vie d’une centrale complètement obsolète en regard des standards de rendement actuels qui sont de 85 à 90% pour la cogénération (4).

Un bug dans le système

Mais surtout, selon Jean-François Fauconnier, la motivation principale d’Electrabel serait d’ordre financier: le producteur d’énergie va obtenir, grâce au lifting des Awirs, quelque 400.000 «certificats verts» pour la production d’électricité «verte» (lire Certificats verts: kezako?!?). Ainsi, grâce aux Awirs, une centrale préhistorique au rendement plus que médiocre, Electrabel va pouvoir atteindre les quotas assignés par la Région wallonne en matière de production d’électricité «verte». Et donc éviter ainsi de payer de lourdes amendes. A 100 euros le certificat vert manquant, Electrabel empoche virtuellement 40 millions d’euros par an (5).
Pour Greenpeace comme pour le Conseil flamand pour l’environnement et la nature (Mi-Na Raad), il y a un sérieux «bug» dans le système. Qui devrait dès lors être réformé. En effet, attribuer des certificats verts à des installations amorties depuis longtemps décourage la construction de nouvelles installations fonctionnant exclusivement avec des sources d’énergie renouvelables. D’après les calculs de Jean-François Fauconnier, l’investissement d’Electrabel pour la transformation des Awirs a été amorti en moins de quatre mois.
Bonne affaire, en effet...
D.L.

(1) Forêt MAIL n°18.
(2) Plusieurs projets de constructions d’unité de fabrication de granulés sont en cours en Région wallonne, notamment à Bièvre où la société Granubois compte produire quelque 18.000 tonnes par an.
(3) Rapport annuel 2004 d’Electrabel.
(4) De plus, selon le Rapport environnemental 2004 d’Electrabel, moins de 8% de l’électricité produite en Belgique par l’entreprise énergétique le sont dans des centrales de cogénération... contre 30% aux Pays-Bas et 50% au Danemark.
(5) L’entreprise pourrait même, à l’avenir, revendre ses excédents de certificats (prix actuel du marché: environ 91 euros pièce).



En savoir plus:
Reportage dans la centrale des Awirs (février 2007).
Article de Didier Marchal (ValBiom) dans Silva Belgica (janvier 2006).

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Certificats verts : kezako ?!?


Les «certificats verts», c’est un ingénieux système destiné à stimuler la production d’électricité «verte» en mutualisant les investissements. Explications.

En Belgique, les producteurs d’électricité «verte» reçoivent des «certificats verts» de la Commission wallonne pour l’énergie (CWaPE), proportionnellement à l’économie de CO2 générée par leur mode de production: chaque tranche de 456 kg de CO2 économisé donne droit à un certificat vert. L’exploitant d’une centrale au charbon n’en reçoit donc aucun. Si, par contre, il fait de la cogénération (chaleur et électricité), même à partir d’énergie fossile, il en obtient. Mais beaucoup moins, évidemment, que s’il exploite une centrale 100% éolienne ou hydroélectrique.

Une fois leurs certificats en poche, les producteurs peuvent les vendre sur un marché «virtuel» à tout acheteur intéressé, indépendamment de la vente de l’électricité physique. Si le marché n’en veut pas, un prix minimum de 65 euros est garanti par la Région wallonne.

De leur côté, les fournisseurs d’électricité belges sont obligés de vendre à leurs clients (vous, par exemple) un quota d’électricité «verte», fixé par le gouvernement. Pour ce faire, ils sont obligés d’acheter des «certificats verts» aux producteurs d’électricité «verte» qui les vendent à un prix susceptible d’osciller entre 65 et 100 euros. Actuellement, ce prix est relativement stable et s’élève à 92 euros environ (1). Les fournisseurs de courant répercutent bien évidemment le coût des certificats verts sur la facture qu’ils adressent à leurs clients (vous, toujours).

Tous les trois mois, la CWaPE fait les comptes. Chaque fournisseur doit lui remettre un quota de certificats proportionnel à la quantité totale d’électricité («verte» et/ou «grise») fournie à ses clients. S’il n’a pas acheté son quota aux producteurs, le fournisseur doit payer une amende de 100 euros par certificat manquant. Parallèlement, sur base des relevés de compteur d’électricité verte générée, la CWaPE distribue aux producteurs les certificats verts auxquels ils ont droit.

Ainsi, en faisant supporter son financement par l’ensemble des consommateurs (100 millions d’euros environ en 2005), le système des certificats verts permet à chacun, riche ou pauvre, de choisir un fournisseur d’électricité «vert». «Si la comparaison était de mise, écrit le magazine Imagine, le commerce équitable et l’agriculture biologique seraient jaloux! Contrairement à l’électricité verte, financée par tous, les consommateurs responsables, et eux seuls, apportent un réel et bien nécessaire revenu complémentaire aux producteurs bio et équitables (2)
D.L.

(1) Le cours des certificats verts est disponible sur le site Internet de la Commission wallonne pour l’énergie.
(2) «De l’électricité verte? Je veux!», Imagine, mars 2006, p.17.

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