Le Protocole de Rome
15 mars 2016 : les gouvernements de la planète, face au taux d’accroissement de la population mondiale – danger encore plus dramatique que l’effet de serre –, se réunissent à Rome pour ratifier un protocole visant à limiter la croissance de l’espèce humaine.
La surface de notre planète représente environ 50 milliards d’hectares (50 Gha) dont seulement 30% de terre ferme, 15 Gha. On estime que cette surface renferme approximativement 10% de culture, 20% de pâtures, 30% de forêts et 40% de désert. Ainsi, les forêts s’étendent sur un peu moins de 4,5 Gha et les cultures, 1,5 Gha.
En 2004, la planète comptait 12 millions d’espèces vivantes, dont l’espèce humaine, forte de 6,4 milliards de personnes. On peut donc estimer qu’en moyenne, chaque habitant a besoin de 0,22 ha de culture pour se nourrir.
Le taux d’accroissement de la population mondiale est de 1,3%. Moins que la rémunération d’un compte en banque me direz-vous, mais cela fait tout de même 85 millions de nouveaux habitants chaque année. Soit un besoin de 18 millions d’hectares de cultures supplémentaires rien que pour les nourrir, tous les jours.
60.000 espèces chaque année
Depuis la préhistoire, l’homme brûle la forêt pour la transformer en culture. Cette méthode explique une partie des dizaines de millions d’hectares de forêts qui disparaissent chaque année, entre 1% à 2% selon les estimations.
Les modèles de biodiversité nous expliquent qu’un taux de disparition de 2% des forêts implique la disparition de 0,5% d’espèces vivantes soit 60.000 espèces chaque année, mais pas l’espèce humaine, rassurez-vous !
C’est inéluctable, la biomathématique établit qu’une espèce se développe au détriment d’autres permettant parfois une stabilisation de la population dominante, mais pas toujours.
Par exemple en 1944, des biologistes décidèrent d’introduire quelques 29 rennes sur la petite île Saint Matthew. Ils avaient estimés que leur population devait croître pour se stabiliser aux environs de 1.900 têtes équilibrant ainsi production et consommation de nourriture. En fait, les animaux proliférèrent jusqu’à 6.000 têtes en 1965, engloutissant toute la biomasse en interdisant sa repousse. Les animaux moururent de famine et de maladie. En 1966, il ne restait plus que 42 rennes sur l’île désertifiée.
Taxer la croissance de la population
Ainsi, les gouvernements mondiaux, face à ce danger encore plus dramatique que l’effet de serre, se réunirent, à Rome, le 15 mars 2016, pour ratifier un nouveau protocole afin de limiter la croissance de la population mondiale. Cette ville fut choisie pour ses symboliques multiples. Siège de la chrétienté dont un des dogmes obsolètes est la croissance et la multiplication des populations, cette ville évoque aussi le célèbre Club de Rome qui dénonça l’ineptie d’un modèle de société basé sur la croissance. Rome est aussi au cœur de l’Europe, le seul continent dont le taux de croissance des populations est stable depuis le XXIe siècle.
Le principe s’inspira du protocole de Kyoto qui imposait une limitation des gaz à effet de serre au niveau de la production de 1990, pays par pays. Pour le protocole de Rome, l’année de référence fut l’an 2000, quand la planète franchit le cap des 6 milliards d’habitants. Mais cette fois, tous les pays du monde furent concernés par cette règle. Convention fut prise que chaque habitant utilise en moyenne 1 ha de terre non désertifiée. Chaque habitant excédentaire donnant lieu à une taxe de 100 € par an dès 2025.
Cette taxe fut jugée suffisamment dissuasive pour que les nombreux pays concernés prennent des mesures drastiques afin de réduire leur population en dessous du niveau de l’an 2000.
Les amendes gigantesques que le protocole allait générer seraient affectées à de vastes programmes de limitations de naissances mais également au reboisement des zones désertifiées ainsi qu’à l’amélioration des cultures pour les préserver de la désertification qu’implique à long terme leur surexploitation.
Stérilisations, avortements et cannibalisme
Les pays du Tiers-Monde, dont la pyramide des âges était à base large car trop d’enfants étaient nés à la fin du XXe siècle, durent attendre une vingtaine d’années avant que les mesures de réduction du nombre de naissance puissent diminuer la population.
Le modèle chinois, qui avait débuté dans les années 90, servit d’exemple, quoiqu’il ne permit une stabilisation de la population qu’en 2025 à 1,47 milliard d’habitants. La Chine qui comptait 1,27 milliard d’habitants en 2000 dut donc s’acquitter d’une taxe annuelle d’environ 2 milliards € soit 0,1% de son PIB.
Les gouvernements des pays concernés imposèrent une taxe rédhibitoire de 100 € par enfant par an. Ils pratiquèrent également une stérilisation des femmes à grande échelle sur base volontaire. Dans certains pays, il fût nécessaire d’offrir une prime annuelle de 100 € pour encourager les femmes à ne jamais avoir d’enfants. Pour éviter les massacres à la naissance, les avortements furent entièrement gratuits.
Malgré ces mesures extrêmes, un pays comme l’Inde qui comptait 1 milliard d’habitant en 2000, dépassa allègrement 1,5 milliard en 2025.
Dans certains pays comme le Nigeria, dont la population atteignit 240 millions d’habitants en 2025 contre 123 millions en 2000, on assista, impuissants, à des famines telles que certains adultes pratiquèrent le cannibalisme infantile à l’instar de ce qu’on avait connu en Inde en 1790. Dans plusieurs pays africains incapables de maîtriser leur population, beaucoup d’habitants migrèrent vers les pays voisins. Ils furent refoulés parfois avec une violence inouïe, les pays ne voulant ni ne pouvant assumer un poids démographique supplémentaire.
Contraception catholique et monogamie musulmane
Les pays européens dont la population était en légère diminution acceptèrent un nombre limité d’immigrés. Par contre, ils organisèrent d’importantes campagnes de distribution de céréales par solidarité envers les pays qui connaissaient des disettes de plus en plus importantes.
Les pandémies vinrent involontairement tempérer la croissance des populations. L’effort international qui consistait autrefois à sauver un maximum de vies humaines se relâcha fortement. Les aides allant de préférence à des programmes à plus long terme de soutien alimentaire ou de restauration des sols pris d’assaut par les populations affamées.
Le Vatican, qui avait d’abord condamné le protocole en 2016, revint sur la question lors du Concile de 2019, abandonnant le dogme anti-contraceptif car la prolifération extrême de l’espèce humaine menaçait trop l’ensemble de la vie terrestre, œuvre du Tout Puissant.
Les pays musulmans mirent davantage de temps à réagir, notamment en interdisant la polygamie en vertu de ce que l’homme ne peut l’envisager que s’il peut entretenir toutes ses femmes. Il fût entendu que l’Homme, c’est-à-dire l’humanité, était incapable de les entretenir toutes ainsi que leur descendance ce qui permit d’imposer la monogamie.
Le chaos régna pendant toute une génération induisant parfois des guerres civiles qui eurent cependant pour effet de réduire la population dans certaines zones critiques. On déplora néanmoins la manière brutale de parvenir à l’objectif 2000 alors qu’il eut été infiniment plus simple de l’atteindre en s’en souciant dès 1980, la prévention étant nettement plus efficace que d’assumer les problèmes à leur paroxysme.
Une guerre de l’humanité contre elle-même
Des îles entières comme Madagascar se retrouvèrent complètement désertifiées. La population, incapable de s’adapter à un environnement si hostile, incapable de fuir, connut une mortalité sans précédent.
C’est au Pakistan que les famines furent les plus extrêmes. Des centaines de millions de tonnes de blés furent expédiées d’Europe et des USA pour tenter de les endiguer, avec des succès mitigés tant les problèmes de logistique pour nourrir 300 millions d’habitants furent difficiles à résoudre.
C’est une longue guerre qui dura plusieurs dizaines d’années que l’humanité livra contre elle-même pour tenter de se sauver. Elle y parvint non en laissant de profondes et injustes cicatrices, surtout dans les pays du Tiers Monde – les pays industrialisés ayant atteint l’objectif 2000 sans devoir prendre de mesures particulières.
Naturellement, le PIB mondial explosa, interprétant faussement une croissance des richesses alors que l’ensemble de la planète s’était fortement dégradée et appauvrie pour faire face à la nécessité quotidienne de nourrir quelques 9 milliards d’habitants.
La croissance de l’humanité avait provoqué la disparition de plus d’un million d’espèces vivantes, dont les éléphants d’Inde et d’Afrique ainsi que les lions.
Laurent Minguet
Libellés : fiscalité, surpopulation