Lettre ouverte à Jean-Luc Léonard, journaliste scientifique?
Cher Monsieur Léonard,
Vous avez réagi à ma carte blanche sur l’énergie du 3 mai 2006 (La Libre Belgique) croyant faussement y voir un argumentaire contre le nucléaire alors qu’il s’agit d’une vision positive sur la problématique de l’énergie. Cela dit, puisque la dialectique semble vous tenir à cœur, permettez-moi à mon tour de réagir à vos propos.
Vous évoquez un lobby anti-nucléaire. Je ne crois pas qu’il en existe, si ce n’est l’expression de la crainte fondée des populations et des compagnies d’assurances. Comme tous les autres exploitants de centrales nucléaires, Electrabel bénéficie d'une responsabilité limitée en cas d’accident nucléaire et aucune compagnie d’assurance n’assure le risque d’accident majeur dans une centrale. En cas de catastrophe, c’est vous, moi et tous les habitants qui payerons, pendant très longtemps, quelques centaines de milliards d’euros, au bas mot.
Le nucléaire n’est plus compétitif
Je n’encourage pas davantage les énergies fossiles que fissiles mais, à terme, les énergies renouvelables. Si le nucléaire est resté en rade depuis 1986 c’est parce qu’il n’est plus compétitif dans un marché en voie de libéralisation. De plus, les accidents de Tchernobyl ou Tokai Mura ont induit des moratoires sur la construction de nouvelles centrales que le lobby nucléaire, auquel vous prêtez votre plume, souhaite supprimer pour continuer à prospérer.
A vous en croire, si le nucléaire est corrélé à l’intelligence des nations, en 2004, la France a le premier prix (78%), suivi par la Slovaquie (56%) et la Belgique (55%). Le bonnet d’âne revient au Danemark (0%), l’Italie (0%) et aux Pays-Bas (4%) bien connus pour leur manque d’avant-gardisme et la pauvreté de leur économie ou de leur savoir vivre. Et qu’on ne me parle pas de Kyoto. La production de CO2 par habitant est de 7,5t par Italien et de 9,5 t par Danois soit moins que les 11 t du Belge.
Déchets, bombes «sales» et terrorisme
Le nucléaire n’est ni sûr, ni écologique mais génère des déchets extrêmement dangereux à stocker pendant des centaines de milliers d’années. Il est d’ailleurs invraisemblable que des industriels et des gouvernements soucieux du bien-être des populations aient démarré les programmes nucléaires il y a 50 ans sans solution valable aux problèmes de déchets si ce n’est la construction de bombes… Aujourd’hui encore, la religion des experts n’est pas faite entre les partisans du retraitement, l’enfouissement définitif ou temporaire, la surgénération, la transmutation… autant de solutions balbutiantes ou incertaines.
Vous argumentez que, de toutes façons, les déchets nucléaires existent et qu’on devra leur trouver une solution même en cas d’arrêt des centrales. Tiens, c’est vrai, pourquoi ne pas continuer à isoler les bâtiments à l’amiante puisqu’il en existe déjà dans tant de bâtiments?
Par contre, le risque majeur existe qu’un terroriste peut provoquer en détournant un avion ou en pénétrant une centrale avec quelques kilos d’explosif bien placés sans parler d’un hold-up au plutonium, comme celui – parfaitement pacifique - réussi par Greenpeace en 2003, que des amateurs peuvent facilement transformer en bombe «sale».
Chaque centrale belge rapporte 1 à 2 milliards d’euros/an à Suez
Quand on sait que les seules centrales d’Electrabel, amorties sur le dos des contribuables en 20 années à peine, rapportent chaque année environ entre un et deux milliards d’euros à Suez et ses actionnaires, on comprend pourquoi la prolongation de leur vie est importante. Moi, c’est la prolongation de ma vie qui m’importe.
Le mauvais exemple de la politique nucléaire fait des émules dans les pays en voie de développement comme en Iran. Pourquoi leur refuser cette technologie s’il n’y a aucun danger? Est-ce parce qu’ils seraient tentés de fabriquer des bombes comme les Occidentaux? C’est pourquoi Jacques Chirac, l’homme le plus intelligent du peuple le plus intelligent, a déclaré envisager une attaque nucléaire pour calmer leurs ardeurs. Cela montre à l’évidence quelle belle solution universelle, pacifique et écologique est le nucléaire.
Vous nous dites qu’il faudrait multiplier par 10 le nombre de centrales pour résoudre le problème de Kyoto. Dans ce cas, les réserves estimées en 2005 par l’Agence internationale de l’énergie atomique et l’OCDE – moins de 5 millions de tonnes (au prix de 100.000 € /t) – seraient consommées en environ 8 ans. Et après? Retour aux fossiles (je veux parler des énergies)?
Renouvelables: un potentiel annuel de 6000 fois l’énergie consommée sur Terre
Comment peut-on soutenir que les énergies renouvelables ne constitueront jamais qu’un appoint alors qu’elles bercent la planète, chaque année, de plus de 6000 fois toute l’énergie que nous consommons? Des solutions sans danger existent tant pour rendre notre consommation plus efficiente que pour capter cette énergie à des prix rationnels.
Je suis bien d’accord avec vous pour ne pas imaginer une transition immédiate. Les écologistes belges – soutenus par les socialistes et les libéraux - ont d’ailleurs proposé une transition jusqu’en 2025 assez pour mettre en œuvre les 1001 recettes pour mieux consommer l’énergie.
Si sortir du nucléaire implique la réduction de 20% de notre production de CO2, ce n’est pas si complexe que vous le pensez. Par exemple, réduire sa vitesse automobile de 20% diminue déjà les émissions de 20%, de même qu’isoler les bâtiments, utiliser des ampoules économiques ou consommer des produits locaux plutôt qu’importés par avion. Suivez d’abord ces instructions avant de nous donner de fausses leçons d’écologie.
Meilleures salutations,
Laurent Minguet
Vous avez réagi à ma carte blanche sur l’énergie du 3 mai 2006 (La Libre Belgique) croyant faussement y voir un argumentaire contre le nucléaire alors qu’il s’agit d’une vision positive sur la problématique de l’énergie. Cela dit, puisque la dialectique semble vous tenir à cœur, permettez-moi à mon tour de réagir à vos propos.
Vous évoquez un lobby anti-nucléaire. Je ne crois pas qu’il en existe, si ce n’est l’expression de la crainte fondée des populations et des compagnies d’assurances. Comme tous les autres exploitants de centrales nucléaires, Electrabel bénéficie d'une responsabilité limitée en cas d’accident nucléaire et aucune compagnie d’assurance n’assure le risque d’accident majeur dans une centrale. En cas de catastrophe, c’est vous, moi et tous les habitants qui payerons, pendant très longtemps, quelques centaines de milliards d’euros, au bas mot.
Le nucléaire n’est plus compétitif
Je n’encourage pas davantage les énergies fossiles que fissiles mais, à terme, les énergies renouvelables. Si le nucléaire est resté en rade depuis 1986 c’est parce qu’il n’est plus compétitif dans un marché en voie de libéralisation. De plus, les accidents de Tchernobyl ou Tokai Mura ont induit des moratoires sur la construction de nouvelles centrales que le lobby nucléaire, auquel vous prêtez votre plume, souhaite supprimer pour continuer à prospérer.
A vous en croire, si le nucléaire est corrélé à l’intelligence des nations, en 2004, la France a le premier prix (78%), suivi par la Slovaquie (56%) et la Belgique (55%). Le bonnet d’âne revient au Danemark (0%), l’Italie (0%) et aux Pays-Bas (4%) bien connus pour leur manque d’avant-gardisme et la pauvreté de leur économie ou de leur savoir vivre. Et qu’on ne me parle pas de Kyoto. La production de CO2 par habitant est de 7,5t par Italien et de 9,5 t par Danois soit moins que les 11 t du Belge.
Déchets, bombes «sales» et terrorisme
Le nucléaire n’est ni sûr, ni écologique mais génère des déchets extrêmement dangereux à stocker pendant des centaines de milliers d’années. Il est d’ailleurs invraisemblable que des industriels et des gouvernements soucieux du bien-être des populations aient démarré les programmes nucléaires il y a 50 ans sans solution valable aux problèmes de déchets si ce n’est la construction de bombes… Aujourd’hui encore, la religion des experts n’est pas faite entre les partisans du retraitement, l’enfouissement définitif ou temporaire, la surgénération, la transmutation… autant de solutions balbutiantes ou incertaines.
Vous argumentez que, de toutes façons, les déchets nucléaires existent et qu’on devra leur trouver une solution même en cas d’arrêt des centrales. Tiens, c’est vrai, pourquoi ne pas continuer à isoler les bâtiments à l’amiante puisqu’il en existe déjà dans tant de bâtiments?
Par contre, le risque majeur existe qu’un terroriste peut provoquer en détournant un avion ou en pénétrant une centrale avec quelques kilos d’explosif bien placés sans parler d’un hold-up au plutonium, comme celui – parfaitement pacifique - réussi par Greenpeace en 2003, que des amateurs peuvent facilement transformer en bombe «sale».
Chaque centrale belge rapporte 1 à 2 milliards d’euros/an à Suez
Quand on sait que les seules centrales d’Electrabel, amorties sur le dos des contribuables en 20 années à peine, rapportent chaque année environ entre un et deux milliards d’euros à Suez et ses actionnaires, on comprend pourquoi la prolongation de leur vie est importante. Moi, c’est la prolongation de ma vie qui m’importe.
Le mauvais exemple de la politique nucléaire fait des émules dans les pays en voie de développement comme en Iran. Pourquoi leur refuser cette technologie s’il n’y a aucun danger? Est-ce parce qu’ils seraient tentés de fabriquer des bombes comme les Occidentaux? C’est pourquoi Jacques Chirac, l’homme le plus intelligent du peuple le plus intelligent, a déclaré envisager une attaque nucléaire pour calmer leurs ardeurs. Cela montre à l’évidence quelle belle solution universelle, pacifique et écologique est le nucléaire.
Vous nous dites qu’il faudrait multiplier par 10 le nombre de centrales pour résoudre le problème de Kyoto. Dans ce cas, les réserves estimées en 2005 par l’Agence internationale de l’énergie atomique et l’OCDE – moins de 5 millions de tonnes (au prix de 100.000 € /t) – seraient consommées en environ 8 ans. Et après? Retour aux fossiles (je veux parler des énergies)?
Renouvelables: un potentiel annuel de 6000 fois l’énergie consommée sur Terre
Comment peut-on soutenir que les énergies renouvelables ne constitueront jamais qu’un appoint alors qu’elles bercent la planète, chaque année, de plus de 6000 fois toute l’énergie que nous consommons? Des solutions sans danger existent tant pour rendre notre consommation plus efficiente que pour capter cette énergie à des prix rationnels.
Je suis bien d’accord avec vous pour ne pas imaginer une transition immédiate. Les écologistes belges – soutenus par les socialistes et les libéraux - ont d’ailleurs proposé une transition jusqu’en 2025 assez pour mettre en œuvre les 1001 recettes pour mieux consommer l’énergie.
Si sortir du nucléaire implique la réduction de 20% de notre production de CO2, ce n’est pas si complexe que vous le pensez. Par exemple, réduire sa vitesse automobile de 20% diminue déjà les émissions de 20%, de même qu’isoler les bâtiments, utiliser des ampoules économiques ou consommer des produits locaux plutôt qu’importés par avion. Suivez d’abord ces instructions avant de nous donner de fausses leçons d’écologie.
Meilleures salutations,
Laurent Minguet
Libellés : désinformation, nucléaire
4 réactions:
Bonne argumentation. Vous reprenez l'avantage. C'est le MR de Didier Reynders qui devrait lire ceci.
By Didier Schmidt, at 17 juillet, 2006 12:34
Il est rassurant de voir que des personnes tels que vous tiennent ce discours là !
Continuez sur cette excellente voie !
Meilleur salutation.
By Anonyme, at 24 août, 2006 10:30
moi je dis: Minguet président (de la république wallonne écologique). Ce blog est une bouffée d'air frais. Continuez à l'alimenter de la sorte.
By Philantrope, at 11 septembre, 2006 21:31
D'accord philantrope, mais faudrait continuer à alimenter le débat, pour ma part, je prends le train en marche.
Ceci dit, je ne crois plus aux messies depuis longtemps, c'est à chacun d'entre nous (citoyen) de se bouger les f....s.
By Mike, at 26 février, 2007 19:04
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