Le Protocole de Rome
FICTION15 mars 2016 : les gouvernements de la planète, face au taux d’accroissement de la population mondiale – danger encore plus dramatique que l’effet de serre –, se réunissent à Rome pour ratifier un protocole visant à limiter la croissance de l’espèce humaine.
La surface de notre planète représente environ 50 milliards d’hectares (50 Gha) dont seulement 30% de terre ferme, 15 Gha. On estime que cette surface renferme approximativement 10% de culture, 20% de pâtures, 30% de forêts et 40% de désert. Ainsi, les forêts s’étendent sur un peu moins de 4,5 Gha et les cultures, 1,5 Gha.
En 2004, la planète comptait 12 millions d’espèces vivantes, dont l’espèce humaine, forte de 6,4 milliards de personnes. On peut donc estimer qu’en moyenne, chaque habitant a besoin de 0,22 ha de culture pour se nourrir.
Le taux d’accroissement de la population mondiale est de 1,3%. Moins que la rémunération d’un compte en banque me direz-vous, mais cela fait tout de même 85 millions de nouveaux habitants chaque année. Soit un besoin de 18 millions d’hectares de cultures supplémentaires rien que pour les nourrir, tous les jours.
60.000 espèces chaque année
Depuis la préhistoire, l’homme brûle la forêt pour la transformer en culture. Cette méthode explique une partie des dizaines de millions d’hectares de forêts qui disparaissent chaque année, entre 1% à 2% selon les estimations.
Les modèles de biodiversité nous expliquent qu’un taux de disparition de 2% des forêts implique la disparition de 0,5% d’espèces vivantes soit 60.000 espèces chaque année, mais pas l’espèce humaine, rassurez-vous !
C’est inéluctable, la biomathématique établit qu’une espèce se développe au détriment d’autres permettant parfois une stabilisation de la population dominante, mais pas toujours.
Par exemple en 1944, des biologistes décidèrent d’introduire quelques 29 rennes sur la petite île Saint Matthew. Ils avaient estimés que leur population devait croître pour se stabiliser aux environs de 1.900 têtes équilibrant ainsi production et consommation de nourriture. En fait, les animaux proliférèrent jusqu’à 6.000 têtes en 1965, engloutissant toute la biomasse en interdisant sa repousse. Les animaux moururent de famine et de maladie. En 1966, il ne restait plus que 42 rennes sur l’île désertifiée.
Taxer la croissance de la population
Ainsi, les gouvernements mondiaux, face à ce danger encore plus dramatique que l’effet de serre, se réunirent, à Rome, le 15 mars 2016, pour ratifier un nouveau protocole afin de limiter la croissance de la population mondiale. Cette ville fut choisie pour ses symboliques multiples. Siège de la chrétienté dont un des dogmes obsolètes est la croissance et la multiplication des populations, cette ville évoque aussi le célèbre Club de Rome qui dénonça l’ineptie d’un modèle de société basé sur la croissance. Rome est aussi au cœur de l’Europe, le seul continent dont le taux de croissance des populations est stable depuis le XXIe siècle.
Le principe s’inspira du protocole de Kyoto qui imposait une limitation des gaz à effet de serre au niveau de la production de 1990, pays par pays. Pour le protocole de Rome, l’année de référence fut l’an 2000, quand la planète franchit le cap des 6 milliards d’habitants. Mais cette fois, tous les pays du monde furent concernés par cette règle. Convention fut prise que chaque habitant utilise en moyenne 1 ha de terre non désertifiée. Chaque habitant excédentaire donnant lieu à une taxe de 100 € par an dès 2025.
Cette taxe fut jugée suffisamment dissuasive pour que les nombreux pays concernés prennent des mesures drastiques afin de réduire leur population en dessous du niveau de l’an 2000.
Les amendes gigantesques que le protocole allait générer seraient affectées à de vastes programmes de limitations de naissances mais également au reboisement des zones désertifiées ainsi qu’à l’amélioration des cultures pour les préserver de la désertification qu’implique à long terme leur surexploitation.
Stérilisations, avortements et cannibalisme
Les pays du Tiers-Monde, dont la pyramide des âges était à base large car trop d’enfants étaient nés à la fin du XXe siècle, durent attendre une vingtaine d’années avant que les mesures de réduction du nombre de naissance puissent diminuer la population.
Le modèle chinois, qui avait débuté dans les années 90, servit d’exemple, quoiqu’il ne permit une stabilisation de la population qu’en 2025 à 1,47 milliard d’habitants. La Chine qui comptait 1,27 milliard d’habitants en 2000 dut donc s’acquitter d’une taxe annuelle d’environ 2 milliards € soit 0,1% de son PIB.
Les gouvernements des pays concernés imposèrent une taxe rédhibitoire de 100 € par enfant par an. Ils pratiquèrent également une stérilisation des femmes à grande échelle sur base volontaire. Dans certains pays, il fût nécessaire d’offrir une prime annuelle de 100 € pour encourager les femmes à ne jamais avoir d’enfants. Pour éviter les massacres à la naissance, les avortements furent entièrement gratuits.
Malgré ces mesures extrêmes, un pays comme l’Inde qui comptait 1 milliard d’habitant en 2000, dépassa allègrement 1,5 milliard en 2025.
Dans certains pays comme le Nigeria, dont la population atteignit 240 millions d’habitants en 2025 contre 123 millions en 2000, on assista, impuissants, à des famines telles que certains adultes pratiquèrent le cannibalisme infantile à l’instar de ce qu’on avait connu en Inde en 1790. Dans plusieurs pays africains incapables de maîtriser leur population, beaucoup d’habitants migrèrent vers les pays voisins. Ils furent refoulés parfois avec une violence inouïe, les pays ne voulant ni ne pouvant assumer un poids démographique supplémentaire.
Contraception catholique et monogamie musulmane
Les pays européens dont la population était en légère diminution acceptèrent un nombre limité d’immigrés. Par contre, ils organisèrent d’importantes campagnes de distribution de céréales par solidarité envers les pays qui connaissaient des disettes de plus en plus importantes.
Les pandémies vinrent involontairement tempérer la croissance des populations. L’effort international qui consistait autrefois à sauver un maximum de vies humaines se relâcha fortement. Les aides allant de préférence à des programmes à plus long terme de soutien alimentaire ou de restauration des sols pris d’assaut par les populations affamées.
Le Vatican, qui avait d’abord condamné le protocole en 2016, revint sur la question lors du Concile de 2019, abandonnant le dogme anti-contraceptif car la prolifération extrême de l’espèce humaine menaçait trop l’ensemble de la vie terrestre, œuvre du Tout Puissant.
Les pays musulmans mirent davantage de temps à réagir, notamment en interdisant la polygamie en vertu de ce que l’homme ne peut l’envisager que s’il peut entretenir toutes ses femmes. Il fût entendu que l’Homme, c’est-à-dire l’humanité, était incapable de les entretenir toutes ainsi que leur descendance ce qui permit d’imposer la monogamie.
Le chaos régna pendant toute une génération induisant parfois des guerres civiles qui eurent cependant pour effet de réduire la population dans certaines zones critiques. On déplora néanmoins la manière brutale de parvenir à l’objectif 2000 alors qu’il eut été infiniment plus simple de l’atteindre en s’en souciant dès 1980, la prévention étant nettement plus efficace que d’assumer les problèmes à leur paroxysme.
Une guerre de l’humanité contre elle-même
Des îles entières comme Madagascar se retrouvèrent complètement désertifiées. La population, incapable de s’adapter à un environnement si hostile, incapable de fuir, connut une mortalité sans précédent.
C’est au Pakistan que les famines furent les plus extrêmes. Des centaines de millions de tonnes de blés furent expédiées d’Europe et des USA pour tenter de les endiguer, avec des succès mitigés tant les problèmes de logistique pour nourrir 300 millions d’habitants furent difficiles à résoudre.
C’est une longue guerre qui dura plusieurs dizaines d’années que l’humanité livra contre elle-même pour tenter de se sauver. Elle y parvint non en laissant de profondes et injustes cicatrices, surtout dans les pays du Tiers Monde – les pays industrialisés ayant atteint l’objectif 2000 sans devoir prendre de mesures particulières.
Naturellement, le PIB mondial explosa, interprétant faussement une croissance des richesses alors que l’ensemble de la planète s’était fortement dégradée et appauvrie pour faire face à la nécessité quotidienne de nourrir quelques 9 milliards d’habitants.
La croissance de l’humanité avait provoqué la disparition de plus d’un million d’espèces vivantes, dont les éléphants d’Inde et d’Afrique ainsi que les lions.
Laurent Minguet
Jean-Paul FONTAINE #
Cher Laurent. Je me régale à chaque X de ta prose humoristique mais visionnaire. Quel gâchis préparons-nous à notre descendance ! Heureusement que des « troublions » comme toi consacrent un temps précieux à sensibiliser leurs congénères ignares. Amitiés. Jean-Paul.
Patrick Bartholomé #
Sur les problèmes de surpopulation et les moyens de réduire par action ou omission, mais de façon volontaire, la population mondiale, lire le terrifiant essai de politique-fiction de Susan George :
« Le rapport Lugano » (traduit en français) :
The Lugano Report
On Preserving Capitalism in the 21st Century
Pluto Press, London, September 1999 (208pp)
ISBN: 0-7453-1532-1
Les lignes suivantes sont copiées de
http://www.tni.org/media/roman.htm
le site officiel de Susan George, politologue altermondialiste, vice-présidente de ATTAC.
Comment assurer la survie du capitalisme au XXIe siècle? C’est la ‘commande’ passée par quelques-uns des individus les plus puissants de la planète à un grouped ‘experts’, et qui débouche sur un document ultra-secret, le rapport Lugano, dont l’une des recommandations centrales est de réduire une population dont le marché n’a que faire. En fait, c’est Susan George qui tient la plume…
‘Il faut tout d’abord consolider les fondations de l’ambitieuse entreprise visant à provoquer une réduction massive de la population. Ces fondements sont faits de quatre piliers: le pilier de l’idéologie et de l’éthique; le pilier économique; le pilier politique; le pilier psychologique’, affirme le rapport Lugano. Voici quelques extraits de ses préconisations en matière idéologique et psychologique…
Pour qu’un authentique contrôle des populations devienne acceptable, on doit instituer un nouveau climat de pensée et d’opinion, un climat qui ne prenne pas pour point de départ dogmatique une liberté individuelle sans frein, ni les ‘droits de l’homme’ comme axe central. Nous encourageons donc vivement nos mandants à créer et à soutenir un corps de penseurs, écrivains, enseignants et communicateurs capables de développer des concepts, des arguments et des images qui justifieront, sur les plans intellectuel, moral, économique, politique et psychologique, des stratégies vigoureuses de gestion des populations. Ces travailleurs intellectuels devraient également élaborer et diffuser une éthique novatrice et pragmatique pour le XXIe siècle.
Un investissement substantiel dans un cadre idéologique convenable serait remboursé au centuple. Au besoin, les idées de grands penseurs comme Platon, Darwin, Hobbes, Malthus, Nietzsche, Hayek, Nozick (et aussi, avons-nous l’audace de l’espérer, celles contenues dans ce rapport) devront être dépoussiérées, revues et adaptées au goût du jour, reformulées en fonction des divers publics et disséminées parmi les leaders d’opinion, les décideurs et le grand public. Nous partons du principe que la création d’un tel corps de ‘légionnaires idéologiques’ ne devrait présenter que peu de problèmes pour nos mandants. Ils sont sans aucun doute en relations étroites avec les dirigeants des grands conglomérats mondiaux des médias, à l’heure actuelle en voie d’expansion, des entreprises qui comptent dans leurs avoirs tous les ‘haut-parleurs intellectuels idéologiques’ nécessaires à la dissémination des idées.
En toute candeur, les membres du groupe de travail se considèrent eux-mêmes comme les prototypes de cet encadrement intellectuel. Ils admettent en outre volontiers qu’ils ont été séduits par les compensations matérielles que leur vaut leur participation à cette entreprise, au-delà de ses mérites intrinsèques. Nous ne sommes pas différents, à ce titre, des autres penseurs, scientifiques et écrivains professionnels qui reconnaîtront les avantages manifestes du libéralisme et mettront leur savoir et leur talent au service du marché quand il leur sera clairement avantageux de le faire.
Les approches psychologiques, qu’elles soient de groupe ou individuelles, la ‘bataille pour les coeurs et les esprits’, peuvent contribuer à créer une atmosphère favorisant l’hostilité entre les groupes; à son tour, cette hostilité peut être à l’origine de réductions de population. Paradoxalement, la psychologie individuelle peut aussi favoriser la mondialisation.
L’outil psychologique le plus utile mis à la disposition de ces objectifs est la ‘politique identitaire’, comme on l’a appelée en Occident. Idéalement, et où qu’ils se trouvent, les individus devraient s’identifier étroitement à un sous-groupe ethnique, sexuel, linguistique, racial ou religieux, au détriment d’une définition de soi qui passerait par l’appartenance à un pays, ou même à une classe sociale ou à une caste professionnelle de ce pays, et encore moins par une identification en tant qu’élément de la ‘race humaine’. Chaque individu devrait se sentir appartenir, avant tout, à un groupe étroitement défini, et ce n’est qu’ensuite qu’il devrait se définir par son métier, par sa communauté, comme parent, comme citoyen d’une nation ou du monde. Il faut lutter activement, à tous les niveaux, contre la notion de citoyenneté.
Une partie de l’offensive éthico-idéologique esquissée ci-dessus devrait être consacrée à procurer un soutien matériel et moral aux porte-parole les plus agressifs et sachant le mieux s’exprimer de tous les particularismes, qu’ils soient sexuels, raciaux, religieux ou ethniques. Il faudra les laisser accéder aussi facilement que possible aux moyens de communication, grâce à des canaux spécifiques, instaurés et financés dans le cas où ils ne se manifesteraient pas spontanément.
A qui pensons-nous? Aux Noirs, aux Blancs, aux Jaunes, aux métis; aux homosexuels des deux sexes, aux féministes, aux phallocrates; aux fondamentalistes et aux suprématistes juifs, chrétiens, musulmans et hindous; mais aussi aux groupes professionnels décriés, allant des chauffeurs de poids lourds aux policiers. Chacun aura son journal, sa revue, sa radio, sa télévision, son site informatique, et tous seront avant tout soucieux de défendre leurs ‘droits’. ‘Droits’ qui devront être conçus non pas uniquement sous forme négative (par exemple, le droit de ne pas subir de harcèlement, de violence ou de discrimination), mais aussi sous forme positive (ainsi, le droit à un traitement particulier au nom de torts passés ou présents, réels ou imaginaires), jusqu’à inclure le droit de jouir d’un Etat séparé.
Etant donné que pratiquement tous les groupes identifiables de la planète ont été victimes un jour ou l’autre, à un degré plus ou moins grand, d’un autre groupe ou simplement de conditions historiques etou géographiques particulières, les clameurs qui vont s’élever devraient créer une cacophonie assourdissante, au point qu’aucun appel aux armes ne pourrait être entendu par-dessus tout ce vacarme. L’objectif est de renforcer la fragmentation, de souligner les différences entre les groupes et d’ériger des ghettos, qu’ils aient ou non des fondements dans les faits ou dans la tradition. Contrairement aux idées reçues, la plupart des identités, et en particulier les prétendues ‘identités ethniques’, n’ont que des racines historiques bien faibles et sont dans la plupart des cas de création récente. Elles sont donc un peu comme Dieu : même si elles n’existent pas, elles sont extrêmement puissantes – au point même que des gens tueront en leur nom.
Le moyen le plus rapide pour créer un repli identitaire accompagné d’un état d’esprit belliqueux consiste à faire en sorte qu’un nombre suffisant de membres du groupe X soient humiliés ou tués par des membres du groupe Y (il suffit que le groupe X croie que certains des siens ont été tués ou humiliés). Bien que de telles tensions ne soient pas toujours aisées à créer ou à manipuler, l’histoire contemporaine offre de nombreux exemples dans lesquels on a fait surgir et amplifié avec succès des différences ethniques ou religieuses douteuses. Les haines tenaces entre groupes et les conflits larvés peuvent sortir renforcés par l’aggravation des tendances racistes actuelles et par des provocations qui rendront immanquablement les groupes plus enclins à la violence.
La politique identitaire présente deux avantages notables. En premier lieu, en exacerbant toutes sortes de tensions à l’intérieur des communautés, elle crée les conditions qui donnent naissance aux conflits internes et aux guerres civiles. Même lorsque ces tensions ne vont pas jusqu’à la guerre ouverte, elles maintiennent les factions les plus en vue dans un état d’obnubilation coléreuse les unes vis-à-vis des autres, si bien que les véritables acteurs de la scène mondiale deviennent pratiquement invisibles pour ces mêmes factions. En second lieu, elle neutralise la solidarité et rend extrêmement problématique l’opposition aux stratégies que nous recommandons; les alliances nationales ou internationales deviennent difficiles, sinon impossibles, et tout recours à l’action politique authentique se trouve exclu.
Au lieu de se demander ce qu’ils peuvent faire, il faut que les gens se préoccupent avant tout de ce qu’ils sont. La mondialisation économique et politique n’aura aucun mal à se poursuivre tant que les gens seront psychologiquement aveugles à ce qui se passe, et tant qu’il n’y aura pas une citoyenneté mondiale correspondante pour s’y opposer. Les dirigeants potentiels qui s’entêteront à adopter des stratégies de solidarité et d’universalité, comme ceux qui s’efforcent de pratiquer un nationalisme inclusif, fondé sur la notion de citoyen, devraient être discrédités sur le plan personnel afin qu’ils perdent la confiance de leurs voisins, de leurs étudiants, de leurs collègues, des travailleurs, que ce soit au motif de leur ‘race’, de leurs origines ethniques, de leurs préférences sexuelles ou de doutes sur leur honnêteté.
DES travaux scientifiques récents ont ouvert de nouvelles perspectives sur ces questions; ils devraient faire l’objet d’un suivi attentif en tant qu’applications pratiques du processus lié à l’impératif de réduction. La théorie des jeux et la primatologie, en particulier, contribuent à expliquer pourquoi et comment les êtres humains coopèrent et vivent en société. Les simulations sur ordinateur de certaines stratégies de jeu (‘donnant-donnant’, ‘coopération conditionnelle’, ‘qui perd gagne’, ‘ferme mais équitable’ et ainsi de suite) montrent que l’on peut provoquer soit des attitudes conciliantes et une coopération qui se poursuivra indéfiniment, soit au contraire un enchaînement de récriminations mutuelles inextricables et de plus en plus virulentes qui déboucheront sur la haine et la ‘lutte à mort’.p
Patrick Bartholomé #
Voici un autre extrait du roman de Susan George. **Attention** les lignes qui suivent sont extrêmement choquante et je rappelle qu’il s’agit d’un rapport imaginaire que l’auteur met dans la bouche d’un groupe d’experts qui n’existent pas (espérons-le).
Cet extrait donne des exemples de moyens concrets pour laisser ou faire se réduire la population par des guerres suscitées ou facilitées.
L’abréviation « SRP » fait référence à la notion de « stratégies de réduction de la population » qui sous-tend tout le livre de >Susan George.
Début de citation :
« Parallèlement aux épidémies et aux famines, les guerres intestines constituent une stratégie de réduction de la population extrêmement prometteuse dans le monde moderne. L’usage d’une force extérieure pour « tuer » devrait être considéré comme l’ultime recours. Aujourd’hui, il est tout à fait exclu d’imiter Gengis Khan, encore plus de l’égaler ; nous ne devrions pas essayer même si nous en avions la possibilité.
Où appliquer cette stratégie ? Certainement pas dans le Nord, ou alors dans des secteurs soigneusement déterminés. Comme de raison, les trois quarts de tous les investissements et l’essentiel des capacités de production de la planète sont concentrés dans les pays riches. Y fomenter des guerres serait contre-productif et exigerait d’engager des ressources politiques et matérielles disproportionnées.
En dépit de situations archaïques exceptionnelles comme en Bosnie et au Kosovo, la perspective d’une guerre entre des États européens ou à l’intérieur de ceux-ci est devenue presque aussi impensable qu’un conflit entre les États-Unis et le Canada. En revanche, la guerre n’est nullement démodée dans le Sud ou dans les républiques islamistes de l’ancienne URSS. Là, elle reste un outil puissant pour « émonder la croissance luxuriante ».
Faire en sorte que ces gens « s’entre-tuent » exige la mise en œuvre d’armes matérielles, mais aussi psychologiques. Nous avons déjà abordé ces dernières, en particulier au niveau de la façon de définir ce que désigne « auto » dans « autodéfense ». La politique identitaire engendre la violence, elle réduit la solidarité vis-à-vis des victimes de cette violence. Celles-ci deviennent foncièrement étrangères, d’une essence différente de vous et moi. La discrimination et l’oppression qui prennent pour cibles des groupes particuliers renforcent cette perte d’identité et devraient, pour cette raison, être discrètement encouragées. Quand on se croit victime, on est conduit à choisir à son tour des souffre-douleur.
On ne devrait pas non plus négliger une force relativement récente et que l’on pourrait baptiser indifféremment les « jeteurs d’huile sur le feu à distance » ou la « diaspora chauvine ». Les populations d’immigrés, en effet, disposent souvent de ressources matérielles plus grandes que leurs anciens compatriotes restés au pays. Leurs membres peuvent aussi nourrir un sentiment de culpabilité, du fait qu’ils ne participent pas aux mouvements nationalistes ou religieux « chez eux », et, en guise de compensation, promouvoir des stratégies extrémistes. Ce phénomène affecte des diasporas qui vont des Juifs et Palestiniens américains aux Croates du Canada, aux Tigres tamouls et aux fondamentalistes islamiques basés en Europe. Ces groupes méritent d’être soutenus tant qu’ils circonscrivent strictement leurs activités à leur patrie d’origine et n’interfèrent pas avec la politique de leur pays d’accueil.
Quels que soient les groupes considérés, sur place ou à l’extérieur, on doit veiller à faire monter les enchères et à faire clairement comprendre que tout le monde ne pourra pas bénéficier de telle ou telle ressource, de tel ou tel projet, de tel ou tel investissement. Dans le monde pauvre, où seront mises en œuvre la plupart des stratégies recommandées, on pourra tirer un excellent parti de la poursuite du « développement » et des projets supposés le permettre.
Les personnes déplacées lors de la construction de grands barrages, ou privées de leurs ressources par l’érosion commerciale ou écologique, ainsi poussées au désespoir, font d’excellentes recrues pour les dirigeants fondamentalistes, nationalistes ou religieux. Une fois qu’elles ont découvert et forgé leur « identité », ce qui les sépare du reste du monde, on peut les opposer à d’autres groupes.
Une grande partie de la population rurale, dans ces cas-là, finit par se retrouver dans les bidonvilles périurbains. La surpopulation, avec les extrêmes de promiscuité qu’elle engendre, est une source supplémentaire de querelles. En termes de conflit (mais aussi de famine et de maladie, comme nous allons l’examiner d’ici peu), des conditions prometteuses existent dans de nombreuses grandes villes du Tiers Monde, susceptibles de les transformer en autant de Beyrouth, d’Alger ou de Colombo, sur fond d’affrontements ethniques ou religieux.
La surpopulation a également joué un rôle prépondérant dans le cadre rural du conflit Hutus-Tutsis du Rwanda, conflit que l’on peut partiellement expliquer en termes de guerre de ressources. Comme le déclarait le ministre rwandais de l’Agriculture de l’époque, en 1991, c’est-à-dire bien avant que les tensions aient débouché sur les massacres que l’on sait : « Nous connaissons une forte pression démographique et une productivité agricole en baisse, due à l’érosion des sols. […] Nous pouvons produire assez de denrées alimentaires pour nourrir 5 millions d’habitants, mais nous en avons 7,3 millions… » La solution de ce problème élémentaire d’arithmétique ne tarda pas à être trouvée.
Bien que les recherches montrent que fomenter une guerre est une entreprise complexe, aucune guerre n’ayant jamais une cause unique, on peut cependant identifier des éléments qui les favorisent nettement. L’Institut de recherches pour la paix d’Oslo (IRPO), qui recense les conflits, a montré
que les années quatre-vingt-dix avaient connu nombre de conflits armés (98 entre janvier 1990 et décembre 1996) et qu’il s’agissait avant tout de guerres civiles, et non pas de guerres entre États. D’après l’IRPO, toutes se caractérisent par un certain nombre d’éléments :
– Elles se produisent principalement dans les pays pauvres, où l’agriculture est encore la principale contribution au PIB.
– Les facteurs d’environnement les plus fréquemment associés aux conflits civils sont « la dégradation des terres arables […] le manque d’eau douce disponible per capita et une forte densité de population », dans cet ordre.
– Les régimes les plus enclins à faire la guerre sont, statistiquement, les «gouvernements semi-démocratiques».
– Une corrélation particulièrement forte existe entre une dette extérieure très lourde et le déclenchement des guerres civiles.
– « Une chute des revenus provenant de l’exportation des matières premières est toujours étroitement associée au déclenchement d’une guerre civile » (c’est l’IRPO qui souligne).
– Les vigoureuses interventions du FMI, si on en fait l’historique, présentent également un lien positif avec toutes les formes de conflits, politiques ou armés. « Le nombre des plans d’ajustement imposés par le FMI et des conditions draconiennes sont cruciaux pour que se produisent des protestations politiques et des conflits civils. »
Ces facteurs de causalité, opérant en synergie, sont faits sur mesure pour servir nos objectifs. La dette continue de s’alourdir. Le prix des matières premières continue de baisser, puisque les produits exportables de nombreux pays tombent dans une même et étroite catégorie, ce qui provoque la pléthore sur les marchés mondiaux. Le pouvoir d’achat engendré par les matières premières est en chute libre ; actuellement, avec les revenus de ses exportations, l’Afrique peut acheter seulement 40 % de ce qu’elle pouvait se procurer en 1980 sur les marchés étrangers. Les exportateurs de pétrole constituent une cible particulièrement intéressante, car pour la plupart ils sont dans l’impossibilité de diversifier leurs exportations. Nous recommandons de faire baisser le prix du pétrole dans toute la mesure du possible.
Une dette qui gonfle et des prix qui baissent entraînent un défaut de paiement partiel ou total, lequel conduit le FMI à imposer des conditions encore plus sévères. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les conflits devraient également s’intensifier. L’Asie du Sud-Est, prise fermement dans les griffes du FMI, prouve que même les anciens « tigres » ne sont pas à l’abri de telles mésaventures. Le niveau élevé de leur dette et la densité de leur population en font de bons candidats pour de vigoureuses Stratégie de Réduction de la Population (SRP).
L’Indonésie, par exemple, est le quatrième pays du monde par sa population ; pendant des dizaines d’années, elle s’est efforcée de gérer l’ingérable – son boom démographique – par le biais d’un programme, le Transmigrasi, qui consistait à envoyer quantité de ses ressortissants peupler les îles extérieures. Obligée de se plier aux exigences du FMI, l’Indonésie ne pourra plus financer ce programme, ni la corruption à grande échelle qui permet de graisser tant de pattes et de roues. Il s’agit du même pays qui, en 1965, a massacré un demi-million de personnes dans des pogroms anticommunistes, ce qui constitue un précédent intéressant.
Dans d’autres pays surpeuplés et pauvres, le syndrome du surendettement joint à des conditions draconiennes, présent depuis longtemps, a exacerbé les haines de classe et les divisions ethniques. Ces pays ne contribuant que très peu ou pas du tout au bien-être mondial, c’est précisément dans ceux-ci qu’il faut « émonder la croissance luxuriante ».
Les institutions qui conçoivent les programmes d’ajustement protestent souvent, mais du bout des lèvres, de leur attachement aux idéaux de la démocratie, bien que celle-ci soit largement incompatible avec les conditions imposées par ces mêmes institutions. L’IRPO parle avec circonspection de régimes « semi-démocratiques » comme étant caractéristiques des situations conflictuelles. Les gouvernements des pays pauvres sont obligés d’accepter la dérégulation de leurs marchés et de s’ouvrir à la concurrence mondiale, tout en essayant en même temps de garder le contrôle de populations mécontentes. Comme le niveau de vie de la majorité se dégrade constamment, ces gouvernements courent le risque d’être renversés par la violence (sans même parler de la sanction des urnes). Ils se trouvent donc pris dans une triple contradiction : être démocratiques, appliquer les conditions sévères imposées, et rester au pouvoir. Ce paradoxe est peut-être ce qui explique la corrélation relevée par l’IRPO entre les régimes semi-démocratiques et la guerre civile.
Dans le cadre de nos objectifs, il faut convaincre les gouvernements, de gré ou de force, de s’attaquer sérieusement à la question du contrôle de la population par des méthodes pouvant aller jusqu’à l’élimination de leurs criminels et de leurs éléments antisociaux, mais aussi par des incitations à la stérilisation et à la contraception (ce point sera abordé plus loin). Tant que ces fonctions sont assurées par les autorités locales, rien n’exige ou ne justifie des interventions extérieures directes.
La stratégie curative de la guerre peut-elle être appliquée sans que la politique y fasse obstacle ? Des gouvernements du Nord interventionnistes ou des mouvements « humanitaires » ne chercheront-ils pas à s’y opposer ? De telles interférences devront sans doute être parfois prises en compte, mais, dans l’ensemble, on peut remarquer que les conflits engendrés par des haines et rivalités ethniques, régionales, ou même d’origine écologique, ne provoquent plus guère de sympathie dans le Nord.
L’ère des fortes oppositions politiques et des grands fronts de solidarité, tels qu’ils se sont développés à propos du Viêt-nam, du Chili, du Nicaragua ou de l’Afrique du Sud – cette ère-là est terminée. Lorsqu’il sera question des batailles contemporaines conduites par les pauvres, avec leurs stratégies politiques confuses et leurs massacres en apparence aveugles, il faudra toujours laisser sous-entendre que cela se passe chez des barbares et des sauvages, que le monde civilisé considère ces conflits comme pitoyables, infantiles et insolubles. La cohésion de l’Occident en sortira renforcée, ce qui est un avantage supplémentaire.
La réaction du monde civilisé aux conflits des pays du Sud n’en devrait pas moins se centrer sur les missions humanitaires. Si une telle proposition peut paraître en contradiction avec notre objectif final, n’oublions pas que sauver 50 personnes, de préférence en présence de caméras, peut constituer un rideau de fumée bien pratique pour en éliminer 50 000. Ces missions renforcent non seulement l’image des victimes comme étant incurablement faibles et incapables de résoudre leurs problèmes, mais aussi celle de leur pays en tant que cible légitime de ces missions (on n’imagine pas des missions humanitaires étrangères venant au secours des États-Unis ou de l’Allemagne).
Peut-être pourra-t-on aussi, dans l’avenir, persuader les organisations humanitaires de prendre elles-mêmes en main des programmes de contrôle des naissances, de stérilisation et d’avortement – pour le bien des gens, cela va de soi. Il faut remplacer une éthique de la solidarité par une éthique de l’urgence. L’apitoiement postcolonial pour les déshérités et la compassion pour les affligés dans le style de mère Teresa ont fini par supplanter les démarches politiques, de quelque tendance qu’elles soient. Symboliquement, les malheureux occupent le même plan existentiel que les enfants et les retardés mentaux. Cependant, personne ne peut s’opposer à l’aide humanitaire sans risquer d’apparaître comme étant dépourvu de tout sentiment humain. Nous recommandons donc qu’elle soit renforcée.
Les populations qui feront l’objet de SRP devront s’auto-sélectionner et se mesurer les unes aux autres. Cela suppose qu’elles auront les moyens matériels de le faire. Les Hutus se sont débrouillés avec des machettes, mais l’élimination à la main est une procédure inefficace et gaspilleuse d’énergie. Il faudra donc rendre plus accessibles des moyens matériels plus sophistiqués.
Une étude superficielle des chiffres laisse à penser que les transferts d’armes vers le Tiers Monde, en valeur, auraient fortement baissé depuis 1989 ; les statistiques officielles enregistrent en effet une chute de plus de 40 % en dollars constants au cours des années quatre-vingt-dix. Chiffres trompeurs. Le déclin en volume financier ne signifie pas que les conflits des pays du Sud vont diminuer de manière significative, bien au contraire. Depuis la fin de la guerre froide, les achats d’armes des pays du Tiers Monde, à en croire des sources officielles comme non officielles, reflètent trois réalités :
– La nécessité, pour nombre de gouvernements mal en point du Tiers Monde, d’améliorer la sécurité interne et leurs capacités de lutter contre les insurrections. Au lieu d’équipements lourds pour mener des guerres extérieures – tanks ou avions de combat – ils se procurent des armes moins coûteuses pour l’infanterie, des hélicoptères et du matériel anti-émeute qu’ils utilisent pour contenir l’agitation de plus en plus grande de leur propre population.
– Les nouvelles capacités productives de fournisseurs d’armes plus petits, non traditionnels, moins chers, qui ont bénéficié de transferts de technologie par le passé. De nombreux belligérants, même s’ils sont sous le coup d’un embargo officiel, peuvent à présent satisfaire leurs besoins en matériel militaire en s’adressant à des sources bien plus proches d’eux.
– Une montée spectaculaire du marché noir de l’armement et une baisse tout aussi spectaculaire des prix : on peut se procurer un fusil AK-47 (100 dollars il y a quelques années) pour 30 à 40 dollars dans la Russie d’aujourd’hui, ou pour 8 à 10 dollars au Cambodge. Les prix du marché noir étaient autrefois beaucoup plus élevés que ceux du marché légal, mais ce n’est plus le cas. Et les acheteurs de ces armes n’ont plus à payer des primes exorbitantes pour garder l’anonymat.
Pendant la guerre froide, la plupart des systèmes d’armes étaient des objets volumineux et chers que l’on stockait. Contrastant singulièrement avec les procédures du Pentagone ou des militaires soviétiques d’autrefois, les acheteurs d’armes actuels se procurent des articles plus légers et moins sophistiqués, et les utilisent immédiatement. Les États-Unis demeurent le principal fournisseur de matériels de guerre lourds ou légers et ont été le grand gagnant de la guerre froide commerciale. Pour des quantités relativement réduites, le marché américain de l’occasion reste le préféré, d’autant que le territoire des États-Unis abrite des centaines de fabricants d’armes légaux, sans parler des importateurs ni des 285 000 détaillants agréés. Plus de 500 millions d’armes de petit calibre de tout genre sont en circulation sur la planète, dont plus de la moitié dans les seuls États-Unis. La Russie a tout perdu sur ce marché, Au cours de la décennie écoulée, les commandes en provenance du Tiers Monde y ont chuté de 80 %.
Pour faire des économies d’échelle, de nombreux fabricants d’armes, dans les autres pays, ont procédé à des fusions, rachetant des concurrents ou lançant des joint-ventures, ou encore scellant des alliances stratégiques pour transférer la technologie militaire. Les principaux bénéficiaires de cette tendance sont les Balkans, le sous-continent indien et l’Asie centrale, outre le Moyen-Orient, déjà bien armé.
En dépit d’une tendance au « dégraissage » des armureries, nombre de nations du Tiers Monde se procurent non seulement des armes légères, mais aussi des armes de destruction massive. Les services de renseignements américains soupçonnent à l’heure actuelle qu’au moins dix pays possèdent des armes biologiques, en dépit de leur interdiction théorique par la Convention sur les armes biologiques et bactériennes. Tout pays qui compte des biotechniciens bien formés, des usines de fermentation commerciale et une industrie pharmaceutique, ou même assez de compétence pour faire fonctionner une usine de médicaments fournie par l’étranger, est parfaitement en mesure de produire des armes biologiques. De telles armes n’ont même pas besoin d’être stockées : elles peuvent être produites rapidement et à bas prix, à la demande, dans de petites usines. Les systèmes de mise en œuvre vont du plus sophistiqué au plus rudimentaire (en particulier dans le cas de terroristes prêts à faire le sacrifice de leur vie).
Dans le marché clandestin des armes légères conventionnelles, une véritable caste de professionnels émerge ; ce sont des trafiquants virtuoses, experts dans l’art de dissimuler les cargaisons, concevant des routages compliqués, contrefaisant des documents officiels et blanchissant de l’argent. Pour le trafic de quantités plus importantes, les grands marchés se trouvent notamment à Bangkok, à Peshawar, en Turquie et dans plusieurs anciennes républiques soviétiques.
Les autorités, dans les pays développés comme dans les autres, semblent à la fois peu désireuses et incapables de mettre un terme à ce trafic lucratif. L’ONU, ce qui ne surprendra guère, n’est pas allée plus loin que l’établissement d’une « déclaration volontaire » (et tout à fait inoffensive) concernant les transferts d’armes conventionnelles. Rien ne peut réellement empêcher des gouvernements, des groupes dissidents et des mafias criminelles de prendre en main les affaires militaires, s’ils le décident. Bien que le commerce des armes ait pu connaître quelques délocalisations, nous sommes d’accord avec l’expert qui déclare qu’il « continuera de très bien se porter au cours des années à venir, sans rencontrer d’obstacles importants à son développement et à sa croissance ».
Les choses étant ce qu’elles sont, le mieux est de laisser la nature suivre son cours, tout en donnant un coup de main discret aux fournitures d’armes et en accordant une aide financière au démarrage de telles opérations, ici et là. Les armes, qu’elles soient sophistiquées ou rudimentaires, se répandent dans les pays moins développés, ce qui est une bonne chose tant qu’ils les tournent les uns contre les autres.
En dépit de leur propension à s’entre-tuer, les barbares ne nous feront pas la courtoisie de s’occuper seuls de nous rendre ce service, et sûrement pas au degré requis. Qui plus est, ils pourraient nous causer les plus grands torts. Ils nourriront de fortes haines contre la civilisation occidentale, seront mieux organisés que par le passé et pourvus des juteux bénéfices de leurs multiples activités criminelles.
De temps en temps, les puissances occidentales se verront contraintes d’intervenir dans leurs affaires, notion à laquelle il faudra habituer l’opinion occidentale. » (Fin de citation)